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dimanche 6 février 2011
par  syagrius

L’origine du Coran et des sourates

D’où vient le Coran, comment a-t-il été écrit ? Pourquoi le Coran est-il classé selon deux ordres : chronologique et l’ordre des révélations ? Nous allons étudier l’histoire du coran ainsi que sa genèse.

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dimanche 31 juillet 2011 à 16h42 - par  Neimad

Qu’est-ce que le Coran ? Le livre saint de la religion musulmane. Comme tout livre saint, il explique ce qu’il faut croire, il traite de problèmes comme l’éthique, la justice, le sens de la vie, la vie après la mort, le sens de l’histoire, mais aussi des tabous alimentaires, des règles de mariage, du pur et de l’impur…

Est-il nécessaire, pour être musulman et croire dans la révélation divine du Coran, de croire également que ce livre parle de science ? Autrement dit, un musulman qui ne confond pas la religion avec la science est-il un mauvais musulman ?

La religion chrétienne avait fait la même erreur, à une certaine époque, et les savants qui ne voulaient pas croire que la Terre était au centre de l’Univers se sont retrouvés sur le bûcher. Alors que pendant des années, les savants avaient trouvé dans l’Eglise leurs mécènes ! Les créationnistes américains persistent dans l’erreur quand ils veulent que l’évolution des espèces soient enseignées dans les écoles à égalité avec la création du monde en six jours.

De même, entre le 8e et le 11e siècle, l’Islam développa la science héritée du monde antique [1], en particulier en mathématiques et en astronomie. Au 9e siècle, Al-Ma’mûm fonda à Bagdad la Maison de la Sagesse (Bayt al-Hikma) pour traduire les ouvrages grecs et alexandrins. Il recruta pour cela des traducteurs, dont beaucoup étaient chrétiens. Le plus éminant des savants musulmans de la Maison de la Sagesse était Abû Yûsuf al-Kindi, le premier philosophe arabe. On peut également citer la création d’observatoires, d’une bibliothèque de 40 000 volumes à Cordoue, en Espagne [2], et d’un centre d’enseignement au Caire…

Que cela soit à Bagdad ou à Cordoue, les savants musulmans pensaient que la foi n’était pas contradictoire avec la raison et accordèrent leur crédit aux travaux des savants "païens". Mais ils ne cherchaient à retrouver les versets du Coran les travaux des savants grecs. Ils partaient de leurs résultats pour développer la science et donc le savoir. Ils ne cherchaient pas à justifier le Coran avec la science, puisque la science pouvait être critiquée et améliorée, ce qui n’est pas le cas du livre saint.

Ainsi, Al-Kindi étudia le trajet des rayons lumineux à partir des idées grecques, par exemple. Il associa les idées islamiques aux idées plotiniennes de la hiérarchie des sphères d’existence [3], ce qui permit aux savants musulmans de justifier leur utilisation du savoir païen.

Au 9e siècle également, Abu Ja’afr Muhammad ibn Mûsa al-Khwârizmi étudia l’astronomie à partir de l’Almageste du savant alexandrin Ptolémée et travailla sur l’astrolabe grec pour l’améliorer [4]. Dans les deux cas, la science arabe améliora la science héritée des Grecs. Leurs résultats n’ont pas été obtenus à partir du Coran, et heureusement, car ils seraient aujourd’hui dépassés. Il serait donc risquer de vouloir associer les connaissances scientifiques d’aujourd’hui aux versets du Coran, car que ce se passerait-il si demain ces connaissances étaient infirmées ?

Prenons l’exemple de travaux de Thâbit ibn Qurra à la Maison de la Sagesse de Bagdad : il "pensait avoir découvert (…) que les équinoxes parcouraient un petit cercle une fois toutes les quatre mille ans (…). C’est seulement à la fin du XVIe siècle, lorsque de nouvelles observations astronomiques beaucoup plus précises furent réalisées au Danemark par Tucho Brahé, que l’oscillation de l’écliptique, présumée par Ibn Qurra, se révéla être une chimère." [5].

Continuons notre liste des savants arabes. Le lus grand astronome arabe, Abû’Abdallah al-Battâni [6], construisit un nouveau type de cadran solaire [7] en s’inspirant d’un instrument de Ptolémée et en corrigeant des erreurs d’observation de l’Almageste.

Mais Abû’Abdallah al-Battâni fit plus que relever des erreurs ; lui-même effectua des observations, et il parvint à des valeurs plus précises de ces paramètres importants. En les consignant, non seulemen il donna ses résultats, mais il expliqua aussi clairement la façon dont il les avait obtenus.

Pour cela, il n’eut pas besoin de mentionner le Coran et de se justifier en rapprochant ses résultats avec des versets du Coran. Il ne chercha pas non plus à savoir a posteriori si le Coran n’avait pas prédit ses résultats. Il fit bien, d’ailleurs, car il croyait aux "étoiles fixes" de Ptolémée. A la fin du 10e siècle, Ibn al-Haytham et Abu al-Husayn al-Suûfî critiquèrent les travaux de Ptolémée [8]… s’en s’appuyer sur le Coran.

La science arabe n’était pas "pure". D’une part, la science arabe ne s’est pas développée à partir des versets du Coran mais à partir des connaissances transmises par les civilisations qui ont précédé l’Islam. Ainsi, l’oeuvre d’Albumassar (Al-Balkhi Abû Ma’shar) doit être reliée à la cité de Balkh, en Iran, où vivaient Gréco-Scythes, Syriens, Chinois et Indiens !

D’autre part, l’astronomie, pour ne citer qu’elle, n’était pas distinguée de l’astrologie [9] : Albumassar croyait en l’astrologie et tirait lui-même des horoscopes [10]. Parler aujourd’hui des vérités scientifiques du Coran, n’est-ce pas mélanger la science avec la foi, comme on mélangeait hier l’astronomie avec l’astrologie ?

L’autonomie de la science avec le Coran allait-elle de soi ? Une anecdote résume assez bien l’état d’esprit de l’époque. Au 10e siècle, le savant, Abû al-Ryahân al-Bîrûnî, auteur d’ouvrages sur l’astronomie, les mathématiques, la géographie, les médicaments, l’optique, les pierres précieuses… Il inventa un instrument pour calculer les moments de prière, mais comme cet instrument utilisait les mois byzantins, un fondamentaliste le traita d’infidèle, ce à quoi il répondit : "Les Byzantins mangent aussi, alors ne les imite pas non plus en cela." [11].

Dans un autre domaine, celui de la botanique, les savants arabes s’inspiraient d’Aristote, de Théophraste, de Dioscoride et de Galien pour étudier les plantes médicinales. Ceux qui refusèrent l’héritage grec, comme les Frères de la Pureté (les Ikhwân as Safa) pratiquèrent une interprétation ésotérique du Coran pour "discuter du symbolisme numérique des différentes parties des plantes et de leur place dans l’ordre cosmique.". Les seuls travaux dignes d’intérêt pour l’histoire des sciences furent leur contribution pour les observations sur la croissance et la morphologie des plantes.

Certains savants arabes étaient rationalistes, comme le médecin Rhazès (Al-Râzi), au 9e siècle ; d’autres étaient plutôt traditionalistes, car ils écrivaient sous la double autorité du Coran et d’Aristote, comme Al-Aâhwari, un grand chirurgien de Cordoue. Les dissensions entre ces deux poins de vue prirent rapidement la forme de deux écoles de pensée : celle des mu’tazilies, rationalistes, actifs dès le 8e siècle, et celle des Acharites, traditionalistes, apparus au 10e siècle.

Pendant près de deux siècles, ces deux écoles rivales se querellèrent, jusqu’à ce que les arguments des Acharites l’emportent au cours du XIIe siècle. Dès lors, une attitude d’acceptation passive se développa. Cette attitude était forcément défavorable à la réflexion scientifique indépendante et le tradionalisme intellectuel triompha. L’Islam ne sépara jamais la religion de la science pour les maintenir, comme nous l’avons fait, dans des compartiments étanches, et c’est à d’autres qu’il revint de reprendre le flambeau de la science." [12].

En somme, le désir de voir le Coran en accord avec la science ne manifeste-il pas une peur de voir le Coran dépassée par la science ? La science est aujourd’hui considérée par beaucoup comme le seul discours légitime sur le monde. Le titre du livre que vous citez, "Ceci est la vérité", indique clairement son intention d’utiliser le discours de la science pour légitimer le Coran. Mais un véritable croyant a-t-il besoin des interprétations de ce livre pour croire qu’il n’y a qu’un seul Dieu et qu’Allah est son prophète ? Ce livre n’apporte aucun savoir supplémentaire, il apporte seulement la confirmation - pour ceux qui veulent y croire - que la science moderne n’est pas en contradiction avec le Coran et, par un glissement de sens, que le Coran est un livre "moderne".

Ce façon de lire le Coran est non seulement inutile pour le croyant mais contre-productive pour la science. L’histoire des sciences prouvent au contraire que, dès son origine, dans son principe même, la science ne peut être qu’une science laïque, mais il ne faut pas avoir peur de la laïcité [13]. On peut être croyant et attaché à la laïcité. Pour finir, je reprendrai les mots du chanteur Abdel Malik, "ne pas confonde la politique avec la foi", en l’appliquant à notre sujet : "ne pas confondre la science avec la foi".


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