V pour Vendetta et Fight Club, même combat ?

vendredi 25 mars 2011
par  Neimad
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Ceux qui ont vu les films Fight Club et V pour Vendetta ont peut-être remarqué leur similarité.

Les deux films sont contestataires, les héros se révoltent contre une société trop "rassurante", ils érigent leur façon d’être en modèle et leurs idées amènent des personnes de plus en plus nombreuses à les rejoindre dans le combat. A la fin, ils s’attaquent au symbole du pouvoir et l’ordre établi est renversé.

Les deux films prônent la culture du risque contre la sécurité et croient dans le potentiel de l’être humain. Dans les deux films, la violence et le terrorisme sont des moyens qui servent à se révolter contre la société, mais ils ne représentent pas des fins en soi. Ce sont des réponses à une société qui oppresse l’homme et la vie. La violence et le terrorisme doivent finir au moment où commence la nouvelle société, à la fin du film. La société de demain est une société des possibles, elle n’est pas décrite, elle est laissée à l’imagination du spectateur.

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Dans les deux films, les hommes qui rejoignent la force d’opposition perdent leur personnalité (ils portent un masque dans l’un, ils deviennent les soldats du Fight Club dans l’autre).

Dans les deux films, il y a deux personnages qui entretiennent une relation ambiguë et violente. Ils semblent parfois s’opposer. L’un a le dessus sur l’autre, mais cette relation retrouve un point d’équilibre à la fin.

Dans les deux films, la violence physique (dans l’un) ou psychologique (dans l’autre, même s’il parle aussi de torture) permettent de se mesurer à la mort et sont des moyens radicaux pour l’esprit et la volonté des individus.

Dans les deux films, la mémoire joue un rôle. Dans V pour Vendetta, les hommes ne se souviennent pas de leur histoire. Dan Fight Club, le narrateur a perdu une partie de sa mémoire.

Il existe un mystère autour du personnage principal. Le premier porte un masque ; le second est un masque. Le premier ne tient pas à ce que sa partenaire connaissance où il habite. Le second exige le secret aux membres du Fight Club.

Mais les deux films ont également des divergences qui donnent une portée différente aux deux films.

Dans V pour Vendetta, le personnage principal incarne une idée, tandis que les membres du Fight Club s’autodétruisent ou acceptent d’être détruit par leur adversaire. Le Fight Club se nourrit de lui-même, il est nihiliste. Dans le premier, la motivation principale est une vengeance. Dans le second, il n’y a pas de motivation.

Dans V pour Vendetta, il y a une histoire d’amour avortée. Dans Fight Club, il n’y a pas d’amour, il y a du sexe.

Dans V pour Vendetta, c’est la population entière qui se soulève. Dans Fight Club, c’est une minorité.

Dans V pour Vendetta, le peuple se soulève contre l’oppression. L’action se situe dans un Londres imaginaire. Dans Fight Club, seule une minorité se soulève. Elle décide de faire exploser les terminaux d’ordinateur qui gèrent les flux financier afin de faire s’écrouler le système. L’action se déroule dans le monde d’aujourd’hui.

Dans V pour Vendetta, le personnage principal a tout prévu. Dans Fight Club, on dirait que le personnage principal improvise à chaque fois partir de la nouvelle situation créée.

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Ainsi, dans V pour Vendetta, la violence et le terrorisme peuvent servir une idée, mais cette idée a besoin du soutien du peuple pour se réaliser. Il ne s’agit donc pas d’actions terroristes qui auraient pour but de désorganiser un pays par la peur. Mais on ne connaît pas clairement les motivations du "sauveur" : est-ce une révolution ou une simple vengeance ? L’ennemi est simple par contre. Il est incarné par un dictateur. C’est "le grand méchant".

Dans Fight Club, une poignée d’individus hésite entre l’autodestruction et l’anarchie. Elle opte finalement pour l’anarchie. Le personnage principal redonne goût à la vie en s’approchant de la mort, sa motivation est claire, mais l’ennemi ne l’est pas : est-ce lui-même, est-ce la société qui l’entoure ? L’ennemi sera finalement incarné par le système financier, en tant que l’argent mène le monde (ce qui est déjà une proposition nighiliste), et non pas dans un but anticapitaliste.

Pour ma part, V comme Vendetta est porteur d’une plus grande espérance que Fight Club. Mais en situant son action dans un Londres imaginaire, contrairement à Fight Club, il ne place pas l’espoir à portée de main. Vendetta donne pourtant une porte de sortie quand il explique que les mensonges qu’il raconté à la femme qu’il avait emprisonné ne doivent pas remettre en cause ce qu’elle a ressenti et ce qu’elle est devenue. Il s’agit d’une forme de mise en abîme. Il donne un sens au film que nous regardons. Fight Club, au contraire, maintient l’illusion en cherchant à être "cru" et "réaliste".

Ainsi, il serait tentant de vouloir monter un Fight Club à son tour. Le film amènerai peut-être l’homme à changer, mais pas la société. V pour Vendetta est plus subtil, parce qu’il demande à l’homme de se souvenir pour changer, de s’intéresser à son histoire et de produire une idée pour tous les hommes. V pour Vendetta est un film d’introduction à une utopie.

Dans les deux films, il suffit d’une personne ou deux pour changer le monde. Dans Fight Club, cependant, il s’agit d’une personne, même si cette personne est une illusion (encore le nihilisme). Dans V pour Vendetta, cette personne peut être n’importe qui, parce qu’elle incarne une idée.

Et vous, quelle est votre idée ?

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Ce monde est à nous, changeons-le !


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Commentaires

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jeudi 15 novembre 2012 à 10h53 - par  Neimad

Intéressant. La télévision nous manipule certainement, le but étant que l’on reste assis devant l’écran à regarder des produits…

Quant aux films, les scénaristes ne cherchent pas à nous manipuler mais à nous séduire. Si vous y voyez des "messages", c’est que les scénaristes sont reprennent les grands mythes pour leurs scénarios (voir Campbell), comme par exemple le mythe de "l’élu". Les scénaristes reproduisent également les peurs et les espoirs qui existent dans notre société, consciemment ou non, car ils en font eux-mêmes partie. Je ne suis donc pas sûr qu’il faille voir des "messages" dans les films, mais seulement les signes d’une époque qui entrent parfois en coïncidences avec votre propre questionnement sur le sens de la vie, etc.

Par contre, je ne comprends pas le lien entre votre "recherche de moi" et votre critique de la société. Si vous vous posez des questions sur vous-mêmes, ne cherchez pas des réponses dans la société ou dans la télévision, ne mêlez pas vos réflexions sur vous-mêmes à une analyse de la société, car elle ne sera pas objective.

Par exemple, si je ne regarde pas les mêmes films que vous, je n’arriverais pas à la même conclusion. Par ailleurs, je connais plusieurs personnes qui ne regardent même pas la télévision.

PS. vous citez un texte, il s’agit d’un Hadith (les propos rapportés du Prophète), celui d’Ibn abî al-Dunyâ, al-Tabarânî, al-Sijzî, mais le mot "artificiellement" n’est pas écrit (l’insémination artificielle n’était pas connue à l’époque) et vous ne citez pas le texte en entier qui dit aussi que "la durée de la vie humaine et celle des années se seront écourtées" (c’est plutôt le contraire) ; "les gens disparaîtront (?)" , que "la prostitution apparaîtra" (elle n’a jamais disparu)…

Par ailleurs, les signes de la fin des temps ne peuvent-ils pas se voir dans toutes les sociétés qui sombrent dans l’anarchie ? On aurait aussi bien pu voir la fin des temps lors la deuxième guerre mondiale, pour ne citer qu’elle. Je ne dis pas que notre modèle de société va perdurer, mais l’empire romain a mis des centaines d’années à s’écrouler, alors que les Romains eux-mêmes parlaient avec nostalgie des temps passés où l’homme travaillait sa terre…

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mercredi 14 novembre 2012 à 16h13 - par  moi

Bonjour,

J’ai survolé votre site et cet article m’a interpellé, car moi aussi depuis quelques temps je suis en recherche. De quoi ?! Une recherche de moi.
Pour me définir je dirais qu’il y a un moi avant et un moi après ; mais entre les deux subsiste une ombre.
"Avant" j’étais ce que je pensais une personne "normal". Je me levais le matin en sachant quelle sera ma journée, je regardais la T.V, je lisais, j’allais au cinéma, je mangeais, j’avais des buts, des rêves, j’avais des hauts et des bas…. Et puis un jour on m’a fait passé un message. Sur un forum je discutais de tout et de rien et puis on m’a dit que tout ce que je connaissais de la vie, c’était du vent.
Qu’en réalité je ne connaissais que ce que l’on voulait bien que je connaisse….Moi très terre à terre je ne comprenais rien à ce charabia, mais la curieuse et complexe moi voulait en savoir plus. On m’a donné des réponses avec des vidéo à visionner des pages à lire, et surtout une remise en question de moi même.
Au début je ne voulais pas le croire. Je ne voulais pas croire que tout était contrôlé, que la TV était une machine à lobotomiser, que le féminisme était la plus grosse connerie inventé pour faire de la femme un objet, etc…. Quelle serait le but ?? Pourquoi s’amuserait on à nous manipuler ?
Alors j’ai commencé à regarder la société et le monde d’un oeil différent, d’un oeil nouveau.
Et j’ai vu.
J’ai vu tout ce qui n’allait pas, j’ai vu tous les défauts, tous les vices, toutes les perfidies…

Ce que vous expliquez de vendetta et fight club, je l’ai ressenti aussi. J’ai ressenti ces films comme un appel à quelque chose :"Il se passe quelque chose de pas normal dans le monde et il faut que cela change".
Mais il n’y a pas que ces films qui appellent à quelque chose. Les films comme matrix ou the island, passent aussi un message, il y aussi l’élue, the prophecy, la fin des temps, l’associé du diable, immortel ad vitam…..D’après ce que j’ai pu ressentir de ces films, j’y vois un message avertisseur que l’on ne vit pas "normalement" : nous sommes contrôlé et surveillé, nous sommes poussé dans nos choix sans qu’ils (nos choix) soit naturel. Plus rien n’est naturel, tout est artificiel.
j’y vois aussi une sorte de mise en garde : Il se passe effectivement quelque chose de grave mais une personne (un être extra ordinaire) viendra nous sauver. Il nous mènera vers un renouveau.
Cela m’a fait pencher sur la religion. J’ai trouvé des similitudes entre ces films et la religion. Viendra le temps du vice et de la perversité. Viendra un être se disant sauveur mais qui sera en fait l’antechrist, car il sera le menteur.

D’où leur viennent toutes ces idées de scénarios, tout de même il faut avoir une sacrée dose d’imagination et/ou de tortuosité dans le cerveau, ou bien ne sont ils pas aller bien loin, ils ont juste feuilleté la bible.
Il se passe en ce moment une guerre entre le bien et le mal. Et le mal est en train de l’emporter.
Signe de la fin du monde : "L’Heure n’aura pas lieu avant que les hommes n’aient eu honte du Livre de Dieu ; On accordera du crédit aux menteurs et on traitera les gens sincères de menteur ; Les mères s’attristeront de la dureté de leurs enfants et l’on fécondera artificiellement les femmes stériles ; La prostitution, la haine et l’avarice apparaîtront ; L’ignorance se répandra ; Ils ne respecteront pas le licite, n’interdiront pas l’illicite ;
L’homme favorisera son ami et s’éloignera de son père ; L’homme obéira à sa femme et se montrera irrespectueux à l’égard de sa mère
"….

Par contre j’ai remarqué que ce genre "d’appel" se joue de plus en plus dans les séries, même les dessins animé.
J’ai voulu approfondir ce sujet. Et j’en suis arrivé à me poser la question suivante : Etant donné que la TV est un instrument de contrôle de l’esprit, n’est on pas aussi en train de nous contrôler en nous faisant croire, par ces films, qu’il se passe quelque chose ? En nous faisant croire que l’homme peut tout contrôler, que l’homme est arrivé à un point humain si avancé qu’il a le pouvoir absolu, rivalisant de se fait avec Dieu ?
Ne veut on pas nous faire croire, par une diversion d’illusionniste, que l’homme est plus puissant qu’un soit disant Dieu invisible et immatériel alors que l’homme est visible et concret ? Toutes ces manipulations, les peurs que l’on arrête pas de nous mettre sous le nez, les changements climatiques qui passent en boucle à outrance aux info, ne sont ils pas là pour nous tenir dans notre torpeur. Ils paralysent notre conscience.

D’où mon moi avant, donc le moment ou je croyais vivre une vie normal, le moi après c’est à dire maintenant que je vois le monde d’un oeil différent, et entre les deux donc, l’ombre est le moment où je perçois cette illusion de l’homme !
Mon psychiatre me dirait qu’il serait temps que je m’allonge, mais les psychiatres ne sont ils pas les prêtres et gardiens du normal ? Qui dicte et choisit ce qui est normal et ce qui ne l’est pas ??? Qui se donne se droit ?

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