Une petite histoire des droits de l’homme :
1222 : la Charte du Manden ou Charte de Mandé serait la première Charte des droits de l’homme du monde. Elle aurait été énoncée par Soudjata, le souverain et fondateur du Mali. Ce texte proclame l’égalité et le respect de toute vie humaine, dont la définition englobe tous les peuples. D’un principe simple et d’une définition de l’homme, le texte induit une liste de conséquences, que l’on pourrait appeler des interdits ou des droits humains, à l’instar des commandements bibliques (ne pas causer de tord à son prochain, veiller sur ses parents, éduquer ses enfants...). Le texte refuse la faim et interdit l’esclavage. Etant proclamée par un roi, elle a valeur d’effet immédiat et c’est le Mali tout entier qui met fin à l’esclavage en 1222 :
Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, chacun dispose désormais des fruits de son travail. Tel est le serment du Mandem à l’adresse du monde entier.
1689 : Déclaration des Droits (Bill of Rights) du Royaume-Uni : elle résulte du révolte du peuple dans un contexte de famine, de hausse d’impôts et de guerre de religions [1]. Cette déclaration a eu pour effet de calmer le peuple et d’instaurer une monarchie constitutionnelle. Le pays du Roi Soleil n’a pas bénéficié de pareilles concessions, ce pourquoi le peuple français a fini par décapiter son roi.
1776 : Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Elle déclare l’indépendance des 13 colonies américaines à l’égard de l’Angleterre, après une guerre d’indépendance aux côtés des Français qui dura près de 8 ans [2]. La Déclaration comporte un passage intéressant, dans l’esprit du philosophe des Lumières John Locke :
La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l’expérience de tous les temps a montré, e n effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu’à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés.
Mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future.
1788 : Constitution des Etats-Unis : elle est organisée autour de la séparation des pouvoirs (exécutif, judiciaire et législatif), tel que cela avait été réfléchi par Rousseau dans le Contrat social (1762) et avant-lui Cicéron dans la République (écrit entre 54 et 51 av. J.-C.). Le Premier amendement est particulièrement célèbre :
Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre.
1789 : Déclarations des droits de l’homme et du citoyen : il s’inspire de la Déclaration de l’indépendance américaine de 1776 et marque la fin de l’Ancien Régime.
La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, même si elle est postérieure à la Constitution des Etats-Unis et à la Déclaration d’indépendance, est un texte majeur dans l’histoire de la pensée et de la liberté parce qu’elle a imposé l’idée d’universalité des droits de l’Homme. Le fait que nous nous soyons toujours inspirés de la Déclaration de 1789 crée entre la France et les droits de l’homme un lien historique et affectif continu.
- Robert Badinter, ancien ministre français de la justice.
1946 : Préambule de la Constitution du 27 octobre 1948 : il s’agit du préambule de la Constitution de la IVe République de l’Etat français. Elle est explicitement citée dans le Préambule de la Constitution de la Ve République, en vigueur depuis 1948 :
Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004.
1948 : Déclaration universelle des droits de l’hommesignée par les 58 Etats membres de l’Assemblée générale des Nations unies. L’ONU comporte aujourd’hui 193 Etats membres. L’un des principaux effets de cette Déclaration est d’avoir fait reculer la peine de mort dans de nombreux pays, même si ce n’est pas explicitement interdit par le texte [3].
2000 : Charte européenne des droits fondamentaux Le texte émane de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, signée par 40 Etats, dont la première version date de 1970. L’article premier de la Charte traite de la dignité humaine :
La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée.
2012 : Manifeste pour un humanisme contemporain : il ne s’agit pas d’un Préambule ou d’une Constitution, mais les valeurs humanistes sont formulées de la même manière que les droits de l’homme dans les textes précédents. Les valeurs de l’humanisme ne sont guère différentes de celles des Lumières.
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Ce monde est à nous, changeons-le !