Quand la ’croyance’ se heurte à la ’réalité’ ?

samedi 20 décembre 2014
par  Jann
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Je ne crois pas en une vie après la mort. C’est une non-croyance, autrement dit une forme de croyance. Je n’y ai jamais cru. C’est là que le bât blesse : croire ou ne pas croire en quelque chose n’empêche pas une chose d’exister. Ne pas croire en une vie après la mort ne me rend pas plus rationnel que mon voisin, catholique pratiquant, convaincu par la réalité du Miracle. En fait, ne pas croire en une vie après la mort paraît aussi irrationnel que croire en une vie après la mort. La croyance ou non-croyance est liée à un contexte : éducation / culture / fantasme. Elle ne doit pas être confondue avec la conviction, qui découle de l’étude de faisceaux apparents de preuve dans un sens ou dans l’autre – car une preuve souvent s’interprète, notamment dans un domaine aussi flou, difficile que le paranormal.

Ma non-croyance est de fait incompatible avec la volonté de défricher le terrain propre à la science – du moins ce que devrait être la science. Surtout, la non-croyance ne m’a été d’aucun secours quand il a fallu faire face à des événements bizarres de 2009 à 2011 dans un appartement moderne à Cologne, Allemagne : il a fallu se faire violence pour envisager la possibilité de phénomènes métapsychiques autour de moi. Enfin, la confirmation par une amie de la sensation de choses bizarres dans les lieux a été le coup de grâce. Cette épreuve a été perturbante, déstabilisante, au point que j’ai dû voir un psychothérapeute. Le fait de savoir que je n’étais pas tout seul à faire face à ce genre de choses étranges – objets qui disparaissent, éclatent, se déplacent, bruits étranges, sensation d’être suivi d’une pièce à l’autre- a été en partie réconfortant.

Je me suis inspiré de cette expérience – et de celles d’autres personnes qui ont accepté de se confier sachant que j’allais respecter leur discrétion – pour établir, péniblement j’avoue, une échelle de quantification des phénomènes métapsychiques. Echelle métapsychique publiée sur le site dont je remercie chaleureusement ses fondateurs pour leur confiance, leur enthousiasme.

Je pensais en finir une bonne fois pour toutes avec l’étude menée en franc-tireur du ’paranormal’. Je pensais tourner la page. Il n’en est strictement rien, à mon grand désarroi. Je m’en éloigne et je suis rattrapé. En premier lieu parce que, sans que je le demande, sans même que le contexte s’y prête, certaines personnes se sont confiées à moi sur le sujet. En second lieu, je continue, de façon très sporadique de faire face à des choses que je qualifie de bizarres. Je ne suis certainement pas le seul à le vivre, nous sommes peu nombreux à oser en parler publiquement, et une infime minorité à l’intégrer dans un processus de réflexion. Je disais dans la conclusion de mon travail sur l’échelle métapsychique que je n’avais pas de légitimité. Sans doute ai-je parlé trop vite : ma légitimité vient du fait que j’ai été confronté à quelque chose qui a bousculé fortement ma non-croyance. Je n’ai jamais, je pense, méprisé ceux qui croient : en une vie après la mort, aux fantômes etc. Mais j’ai toujours pensé que la confrontation au paranormal, c’est le genre de chose qui n’arrive qu’aux autres. Pour intégrer ce que j’ai vécu, essayer de comprendre à défaut de pouvoir conclure – je ne vois pas comment ce serait possible en l’état des connaissances actuelles, malgré les progrès réels- je suis passé par la mise en place de cette échelle. Ma légitimité vient de mon vécu. Toutefois, je ne voudrais pas trop m’attarder sur ce point. Je m’aperçois à quel point il est dangereux de décréter si quelqu’un est légitime ou pas à faire quelque chose. Et il est assez vain de vouloir attendre une reconnaissance de légitimité de la part, par exemple de personnes pour qui le paranormal, somme toute, n’est qu’une grosse fadaise qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Il faut tenter d’avancer, malgré tout.

Je redis mon admiration pour les chercheurs qui s’attardent sur l’étude du ’paranormal’. Il en faut, ce travail compliqué est nécessaire. Tout comme il faut des chercheurs, des chercheuses qui consacrent jours et nuits à l’étude des maladies orphelines, des anomalies climatiques, de l’ufologie. Je n’accepte pas vraiment la vision romantique de la quête qui serait plus importante que le résultat : il faut comprendre le découragement du chercheur quand le résultat probant tarde. Quand le doute subsiste. Il n’y a pas de place pour le prêt-à-penser confortable. Il faut laisser le prêt-à-penser à ceux et celles qui se contentent de croire / ne pas croire.

Si j’ai été suffisamment aidé, encouragé, conseillé dans la préparation de l’échelle, lorsque la publication a été officialisée, il y a eu …silence. Le site d’origine sur lequel l’échelle est parue est très visité, les statistiques montrent bien qu’il y a des visites dans le monde entier : du Pérou au Japon, en passant par l’Allemagne, la Russie. L’intérêt est réel. Les commentaires en public, inexistants, toutefois. Et alors que je suis pleinement disposé à recevoir de nouveaux conseils, voire des critiques cinglantes, il ne s’est rien passé. Peut-être le fait que je vienne de ’nulle part’ et que je propose autour de l’échelle une réflexion personnelle sur le paranormal sans doute trop ’inclassable’ (après discussions à ce sujet avec des proches) n’a pas joué en ma faveur. Sans doute, il n’y a tout simplement rien à dire. Un collègue après avoir lu l’échelle m’a confié que c’était un travail de haute tenue mais que j’allais gêner beaucoup de personnes car il n’est pas récupérable. Inutile de préciser que ceux qui voient des fantômes partout, y compris dans les défaillances de leur congélateur et ceux qui s’obstinent dans un déni complet maquillé sous forme de doute – les zététiciens- ont brillé par leur silence.

Ce manque de réactions, à l’exception notable de Projet22, m’a encouragé à continuer mon exploration en dilettante. Entendons-nous bien : je n’en veux à personne. Je n’ai pas non plus la possibilité de consacrer des jours entiers à l’étude du paranormal. Je regrette simplement une certaine forme d’isolement. Nous sommes quelques uns, venus de différentes disciplines à se consacrer à ce sujet, mais j’ai le sentiment qu’entre nous, les contacts sont rares, quand ils ont lieu, ils sont superficiels, parfois une sorte de concurrence malsaine s’installe. Je me rends compte à quel point aussi beaucoup trop de gens n’ont pas envie de ’savoir’. Bien sûr, l’envie de ne pas savoir ne concerne pas uniquement le paranormal. J’ai trop vu, dans le milieu de la musique, le déni dans lesquels certains artistes, programmateurs, journalistes culturels s’obstinaient à ne pas vouloir comprendre la crise du disque, ses enjeux, les mutations, mais aussi les changements dans la fréquentation des salles de concerts. On pourrait en dire autant dans l’approche des mutations climatiques, des crises économiques.

Il est important de placer l’étude du paranormal dans une perspective plus large, ne pas laisser ça aux charlatans, aux fantasmeurs. Peut-être qu’une étude plus poussée des phénomènes métapsychiques donnera des résultats…médiocres. A des années-lumières de ce que certains chercheurs attendent. Mais il y a suffisamment de travaux produits, d’études réalisées, d’hypothèses élaborées pour parvenir, je pense, à des esquisses de résultats. Il manque une sorte de déclic, une clef qui débloquerait tout. Tout se passe comme si la réalité de nos 5 sens était une sorte de feuille opaque qui nous empêche d’accéder la plupart du temps à d’autres réalités- dont l’existence est proposée par la physique quantique.

Réalité de nos 5 sens couplée au contrat social dans une société occidentale qui évite soigneusement le sujet officiellement, bien que chaque famille a son lot d’histoires paranormales. C’est assez dramatique car cela n’a pas toujours été le cas. Les chercheurs qui s’attardent sur le paranormal ne font peut-être que tenter de renouer avec le passé. Ranger les histoires de fantôme dans du folklore est une paresse intellectuelle. Il est de bon ton chez certains sceptiques radicaux de dire qu’au moyen-âge il n’était pas étonnant que les peuples européens prennent au sérieux ces histoires, en invoquant notamment la très faible alphabétisation qui expliquerait la très forte crédulité. Explication incongrue : en 2014, par exemple, la majorité des citoyens français SONT alphabétisés, SAVENT lire, SAVENT écrire, SAVENT compter dans une société somme toute très cartésienne ; et pourtant les histoires autour de phénomènes paranormaux sont toujours aussi nombreuses. Le tabou est plus fort…

J’évoquais à l’instant ces personnes qui ne veulent pas savoir, parfois c’est pour une raison toute simple : si enfin, on parvient à prouver/expliquer les phénomènes métapsychiques, ces personnes se disent ’mais alors il n’y aura plus de mystère ?’. C’est oublier qu’une fois une preuve obtenue, on aura envie d’en savoir toujours plus, d’aller plus loin dans la recherche. Le mystère évoluera, tout simplement.

Personnellement, établir une échelle de quantification des phénomènes métapsychiques est une première étape avant d’aller plus loin. C’est une échelle qui possède de nombreuses lacunes, j’en suis très conscient, mais elle constitue une base de départ. Le plus complexe est d’avoir une approche méthodologique efficace pour aborder ces phénomènes. Est-ce que les approches actuelles sont les bonnes ? Il y a en a certaines intéressantes, peut-être dérangeantes, iconoclastes, sur lesquelles je reviendrai prochainement. L’essentiel étant de garder un esprit libre, ouvert et de savoir douter. Lourde tâche.


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