Depuis la publication du petit livre de Stephen Hessel, , les appels, déclarations et manifestes n’ont cessés de s’enchaîner en 2011 et 2012 :
Octobre 2010 : Indignez-vous de Stephen Hessel (France)
Novembre 2010 : le Manifeste des économistes atterrés (France)
Janvier 2011 : révolution tunisienne ; le président Ben Ali s’enfuit en Arabie Saoudite. (Tunisie)
Février 2011 : révolution égyptienne ; le président Hosni Moubarak quitte le pouvoir. (Egypte)
18 février 2011 : une Marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), elle est interdite par le gouvernement. Elle se transforme en rassemblement. Sous la pression, le président Abdelaziz Bouteklika organise une consultation populaire le 21 mai sans quitter le pouvoir. (Algérie)
15 mars 2011 : un appel est lancé sur Facebook en Syrie, c’est le début des manifestations et du massacre de la population par le pouvoir (Syrie)
15 mai 2011 : le Manifeste du collectif espagnol Democracia Real Ya (Espagne)
17 juin 2011 : à la suite du "mouvement du 20 février", le roi Mohammed VI présente le projet de réforme constitutionnelle. (Maroc)
Août 2011 : révolution libyenne ; le colonel Kadhafi est lynché par les rebelles qui l’ont poursuivi. (Libye)
9 septembre 2011 : l’Appel de Sol-Syntagma est une initiative populaire (Espagne-Grèce)
23 novembre 2011 : révolution yemenite ; le président Ali Abdallah Saleh quitte le pouvoir (Yemen).
2 juillet 2011 : ouverture officielle du « dialogue national » au Bahreïn ; l’opposition accepte de participer (Bahreïn).
29 septembre 2011 : déclaration de l’occupation de Wall Street est une initiative populaire du mouvement Occupy Wall Street en réaction à la crise des subprimes et à l’expropriation de 2,5 millions de familles (Etats-Unis).
Fin 2011 : le Manifeste des chrétiens indignées est une initiative de plusieurs chrétiens, lecteurs du blog de Patrice de Plunkett (France)
9 mai 2012 : un Manifeste pour une Euro-fédération solidaire et démocratique est lancé par Jacques Attali, Simone Harari, Benoît Thieulin, trois personnalités politiques (France)
Juin 2012 : Marche européenne des sans-papiers et des migrant(e)s est partie de Bruxelles le 2 juin pour arriver le 2 juillet à Strasbourg, nouvelle édition des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions qui ont commencé avec l’appel de Florence en 1996. (Allemagne, Angleterre, France, Pays-Bas)
Juin 2012 : Roosevelt 2012 est un appel lancé par plusieurs personnalités [1], dont Stephen Hessel, pour "provoquer un sursaut", "dire la gravité de la crise et alimenter le débat démocratique avec 15 mesures d’urgence". Elles prennent pour modèle le président américain Franklin Roosevelt, qui instaura la politique de grands travaux du New Deal pour sortir les Etats-Unis des effets de la crise de 1929, qui conduisit 44 Etats à s’associer pour créer la Banque mondiale et le FMI aux Accords de Bretton Woods en 1944, afin d’aider l’Europe à se reconstruire, et qui associa les grandes puissances pour créer, la même année, les Nations Unis à la Conférence de Dumbarton Oaks. (France)
Ces manifestes ne proposent pas seulement des solutions pour sortir de la crise économique et politique où l’Occident s’est enfoncée, mais appellent également les citoyens à agir et les politiciens à écouter. En ce sens, ils forment les préludes d’un nouveau contrat social, comme l’indique le texte de Roosevelt 2012. Il est la réponse des peuples d’Europe à la tentative de Constitution européenne que nos dirigeants avaient tentés de nous imposer en 2005.
Plus puissants que de simples pétitions, ces manifestes rappellent des principes, des valeurs et proposent une série de propositions. A la fois credo, feuille de route et cahier de doléances, ces textes montrent la volonté des citoyens de se saisir de la politique et surtout de ces "marchés financiers" qui semblent vouloir dicter le destin des peuples.
Comme l’exprime le Manifeste pour un humanisme contemporain :
Le monde fonctionne à l’envers. L’homme est au service de l’économie. Les pays tentent de rassurer les marchés financiers à coup de milliards. Les banques continuent de spéculer sur les dettes des Etats. Ils n’ont plus confiance dans la capacité des peuples à se relever. Il faut des plans d’austérité, il faut des mises sous tutelle, car il faut les sauver d’eux-mêmes. Bientôt, il leur faudra une dictature.
C’est cette dictature (celle des marchés financiers, des multinationales ou de la Commission européenne) que ces différents manifestes veulent éviter.
A défaut d’écouter ce mouvement, les politiques s’exposent à des révolutions semblables à celles du Printemps arabe. Plusieurs de ces manifestes étaient d’ailleurs des appels à manifestation, grève et sitting. Ce qui s’est passé récemment au Québec montre que derrière l’homme pressé [2]de nos sociétés policées se cache encore et toujours l’homme révolté [3].
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Ce monde est à nous, changeons-le !