Bacha Bazi : la face cachée d’une tradition

9 novembre 2025 — syagrius

Derrière l’apparence d’une tradition culturelle se cache une réalité glaçante.
Le bacha bazi est un système organisé d’abus, protégé par le silence, le pouvoir et l’impunité.
Dans certaines régions d’Asie centrale, ce “jeu avec les garçons” est encore pratiqué, malgré son interdiction officielle et les condamnations internationales.

 Bacha Bazi — Derrière le masque de la tradition

Le bacha bazi est une pratique observée principalement en Afghanistan
et en Asie centrale. Elle consiste à utiliser des garçons vulnérables pour des danses
privées destinées à des hommes de pouvoir, pouvant mener à des abus sexuels.
Derrière le folklore apparent se cache une mécanique de domination et de pédocriminalité.

 Définition : exploitation sexuelle et domination sociale

Le terme persan « bacha bazi » signifie littéralement : « jouer avec les garçons ».
Dans sa réalité contemporaine, il consiste à :

  • recruter ou enlever des garçons vulnérables,
  • les maquiller et les habiller de manière féminisée,
  • les présenter lors de soirées privées pour divertir des hommes adultes.

Human Rights Watch et l’ONU le classent comme une forme de
traite humaine et d’exploitation sexuelle de mineurs.

> Il ne s’agit pas d’une tradition folklorique,
> mais d’une forme organisée de pédocriminalité.

 Dynamique patriarcale : absence des femmes, contrôle du féminin, domination masculine

Le bacha bazi ne se développe pas dans n’importe quel type de société.

Il apparaît spécifiquement là où :

  • les femmes sont exclues de l’espace public,
  • leur présence est strictement contrôlée, isolée, voilée ou cachée,
  • tout contact entre hommes et femmes est surveillé ou interdit.

Dans ces environnements, le féminin devient un tabou social, un territoire interdit.
La féminité est alors transférée symboliquement sur le garçon :

> Le garçon “féminisé” remplace la femme qu’on a rendue invisible.

On n’est pas face à de la frustration sexuelle, mais face à :

  • un système patriarcal,
  • où le corps faible (ici : le garçon) devient un espace de domination.

> Là où la femme est invisible, le garçon devient la première victime.

 Paradoxe religieux : l’Islam condamne, la société tolère

Les textes de l’Islam condamnent explicitement :

  • l’abus,
  • la contrainte,
  • l’exploitation sexuelle,
  • toute relation hors mariage.

Coran — Sourate 17, verset 32 :

« Ne vous approchez pas de la fornication : c’est une turpitude. »

Coran — Sourate 4, verset 6 :

« Éprouvez (les orphelins) jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de puberté… »

→ Un mineur ne peut pas consentir.

Hadith (Muslim) :

« Il n’est pas permis de nuire ni de se nuire. »

Hadith (Boukhari / Muslim) :

« Celui qui n’a pas de miséricorde envers les enfants n’est pas des nôtres. »

> Le bacha bazi est en contradiction totale avec l’Islam
> et se maintient par abus de pouvoir, non par religion.

 Historique et sources anciennes

Des traces anciennes montrent l’existence de danseurs masculins efféminés
dans les cours persanes et mogholes :

  • Safina-yi Tabriz (XIIIᵉ siècle)
  • Bāburnāma (1526)
  • Tarikh-i Rashidi (XVIᵉ siècle)
  • Khushal Khan Khattak (XVIIᵉ siècle)

Dans ces textes, le garçon danseur représente :

> la possession d’un “féminin contrôlé”, symbole de prestige et de domination.

 Zones géographiques concernées aujourd’hui

  • Afghanistan (principal foyer actuel)
  • Pakistan (zones frontalières)
  • Tadjikistan / Ouzbékistan (cas marginaux)

Point commun :

> sociétés patriarcales + absence d’État = impunité totale.

Depuis 2017, le bacha bazi est :

  • interdit,
  • criminalisé,
  • assimilé à la traite d’êtres humains.

Mais les poursuites sont rares, car les auteurs sont souvent
des hommes de pouvoir bénéficiant de protection politique ou militaire.

 Conclusion universitaire

Le bacha bazi n’est pas une coutume culturelle.

C’est un système de domination sexuelle qui :

  • féminise le garçon,
  • invisibilise la femme,
  • transforme le pouvoir en droit d’abuser.

> Tradition + silence + patriarcat = impunité.

Dénoncer cette pratique,
c’est briser la mécanique du silence.

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 Bibliographie et sources

Manuscrits :

  • Safina-yi Tabriz (XIIIᵉ siècle)
  • Bāburnāma (1526)
  • Tarikh-i Rashidi (XVIᵉ siècle)
  • Khushal Khan Khattak (XVIIᵉ siècle)

Rapports :

Documentaires & presse :