Les premonitions

mercredi 4 avril 2012
par  Scrutator
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Vous avez sans doute déjà lu ou entendu un récit de prémonition : Pierre pense à Paul, sans raison apparente, et il apprend -dans les minutes ou les heures qui suivent- qu’à ce moment-là, ou presque, Paul était en train de mourir ou demandait de l’aide parce qu’il était gravement blessé ou malade.

Sur base de milliers de lettres qu’il reçut de toute la France et même d’autres pays, Camille Flammarion écrivit jadis de gros livres consacrés aux manifestations surnaturelles qu’il croyait se produire avant, autour ou après la mort. Dans une écrasante majorité, ces lettres contenaient des témoignages de prémonitions.

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Camille Flammarion (1842-1925)

 Que valent de tels témoignages qui existent en quantités énormes ?

Quelques calculs simples permettent d’apporter une réponse… Supposons que Monsieur Dupont connaisse, de près ou de loin, 200 personnes vivantes. Ce n’est certainement pas un chiffre exagéré car il faut comprendre dans cette liste, outre ses proches, un grand nombre de vedettes du cinéma ou de la chanson, ainsi que d’autres "personnalités" comme des politiciens, des journalistes, des écrivains, des savants, des sportifs, des hors-la-loi…

Supposez à présent que, dans le courant de l’année, Monsieur Dupont songe une seule fois à chacune des 200 personnes dont il connaît l’existence et que l’une quelconque de ces personnes décède durant ce laps de temps. On ne peut pas dire que l’estimation est exagérée, n’est-ce pas ?

Quelle chance y a-t-il alors que Monsieur Dupont pense à une des 200 personnes dont question ci-dessus dans la demi-heure même où celle-ci décèdera ?

Une année comportant, au bas mot, 24 x 365 heures soit 8760 "tranches" ou "périodes" d’une heure ou encore 17.520 "tranches" d’une demi-heure seulement, la réponse est donc : 1 chance sur 17.520.

Vous me direz que cette chance est faible et semble, par elle-même, démontrer que les prémonitions sont bel et bien un phénomène extraordinaire, voire inexplicable.

Attention ! Il manque à votre raisonnement un élément essentiel qui va tout changer : la réponse à la question posée plus haut signifie, en clair, que si on considère un groupe de 17.520 individus assez semblables culturellement à M. Dupont (c’est-à-dire connaissant, comme lui, 200 personnes dont une quelconque mourra en un laps de temps d’un an) on dénombrera à la fin de l’année 1 individu qui aura pensé à cette personne dans la demi-heure de son décès. Or, Monsieur Dupont vit dans un pays qui fait lui-même partie d’une plus grande entité dans laquelle on peut admettre que vingt millions de personnes adultes partagent la même culture, la même langue. Dans ce cas, on doit conclure qu’en fin d’année, 1.141 individus (20.000.000 : 17.250 = 1.141) auront pensé à une personne dans la demi-heure de son décès. Ce qui fait une moyenne de trois "prémonitions" par jour !

Bien entendu, toute personne à qui une telle chose arrivera s’en souviendra de même qu’on se souvient d’avoir gagné à une loterie ou d’avoir eu une veine extraordinaire dans une circonstance ou l’autre de la vie. Car ces fausses prémonitions dépendent bel et bien d’un hasard rigoureusement identique à celui d’une loterie.

Imaginez donc les milliers de gens à qui une telle chose peut arriver en dix ans, en trente ans, en l’espace même d’une vie entière…

 Réexaminons à présent le problème sous un autre point de vue.

Madame Durand a mal dormi car sa nuit lui semble avoir été habitée de cauchemars divers dans lesquels revenait sans cesse un accident d’avion. En fait, on sait que les rêves sont de très courte durée et que c’est pure illusion de croire qu’ils ont duré une longue partie de la nuit. Il n’empêche, cette impression existe bel et bien. Madame Durand fait sa toilette et descend préparer son petit déjeuner. Machinalement, elle ouvre la radio. Quelques minutes plus tard, aux informations, on annonce la chute d’un avion. C’est précisément ce à quoi Mme Durand croit avoir assisté dans son rêve. Bouleversée, elle y songe jusqu’à ce qu’elle arrive au bureau. Elle se sent mal à l’aise. Que signifie cette prémonition ? Est-elle médium ? Quelqu’un, dans l’avion, la connaissait-elle ou a-t-elle communiqué mentalement avec elle pour une mystérieuse raison ? Au moment de la pause café, Mme Durand n’y tient plus : elle raconte ce qui lui est arrivé à ses collègues. Parmi ceux-ci, il s’en trouve un qui connaît une personne à qui une telle chose est également arrivée. Un autre a lu un livre sur ce sujet. Mme Durand est désormais certaine qu’elle n’est pas folle et qu’il lui est arrivé ce qui arrive parfois à des êtres choisis par de mystérieuses lois appartenant au surnaturel. Elle n’oubliera jamais son expérience et, à chaque fois qu’elle le croira nécessaire, elle en témoignera…

Au vu des chiffres proposés plus haut, on peut deviner qu’il y a un nombre inouï de Dupont et de Durand qui, tous, croient avoir eu la prémonition d’un événement qui s’est réellement produit.

Quoi de surprenant, dès lors, qu’un écrivain ou qu’un parapsychologue ne puisse éprouver le moindre mal à accumuler des témoignages de prémonitions pour peu qu’il en recherche comme le fit jadis Camille Flammarion ?

Est-ce à dire que la prémonition n’existe pas ? Non, mais il faudrait autre chose que de pareils témoignages pour en prouver l’existence… si elle existe, bien sûr.


Le monde est étrange, vous ne trouvez pas ?


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Commentaires

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dimanche 15 juillet 2012 à 03h25 - par  kelkun

Je souhaite à l’auteur de cet article de vivre exactement, un jour, les évènements qu’il aura rêvés, une nuit. Et de vivre, dans la réalité de ce jour, l’identique absolu du contenu du rêve de cette nuit. Et pour anticiper les sempiternels arguments acharnés " émisphère gauche, émisphère droit " et autres patati et patata : lorsque l’intéressé " reconnaît " le rêve qui deviendra réalité dans les secondes qui doivent suivre, il peut décrire alors, dans le détail et avant qu’ils ne se déroulent, les évènements qui vont se succéder. Si je n’ai évidemment aucune explication à ce phénomène, par contre il n’ya pas le moindre doute - disons 5 chances sur 5 ? - quant au fait que je l’ai vécu.

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vendredi 13 avril 2012 à 20h04 - par  Neimad

Au niveau des probabilités, cela s’explique.

Maintenant, il faut ajouter deux autres facteurs :

  • Pourquoi les prémonitions de décès ou de malheur en général concernent-elles des proches et non pas une des 200 personnes qui entourent M. Durand ? On peut suggérer que l’on aura plus souvent connaissance du décès d’un proche que d’une personne qu’on voit rarement.
  • S’il y a une 1 chance sur 17.520 que cette prémonition arrive par an, il faudrait donc 17520 années en moyenne pour qu’un individu lambda vive une prémonition de ce type : comment expliquer que des personnes aient plusieurs prémonitions au cours de leur vie, voire même au cours de la même année ?

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