J’étais un jeune adolescent passionné de phénomènes étranges quand j’entamai une colaboration avec le groupement ufologique belge BUFOI qui défendait alors les intérêts du contacté américain George Adamski. C’est ainsi que je pus rapidement avoir accès à une vaste bibliothèque comportant nombre d’ouvrages ufologiques publiés dans les années 1950 et 1960. Pendant toute mon adolescence, j’ai adopté naïvement le point de vue des auteurs d’ouvrages dans lesquels il n’était question que d’extraterrestres, de civilisations passées hautement évoluées, de phénomènes parapychologiques etc. Il me semblait en effet que ces gens fournissaient beaucoup de preuves de la réalité de ces choses extraordinaires. J’avais 19 ans quand un homme sema le doute dans mon esprit. Il me signala qu’il existait des quantités d’ouvrages dénonçant les fondements de certaines croyances religieuses qui constituaient la base même de notre civilisation. Je finis par trouver ces livres et les dévorai avidement tout en prenant des notes... Non seulement certaines de mes croyances religieuses s’effondrèrent alors brutalement, mais j’appris également ainsi, sur le tas, les rudiments méthodologiques de la critique historique. Enthousiasmé par cette manière d’analyser les choses, je l’appliquai bientôt à l’ufologie. Je me mis donc à vérifier systématiquement les références, les citations et les documents tout en comparant entre elles les affirmations des différents auteurs traitant d’un même sujet précis... Les résultats ne se firent pas attendre, mais il me fallut quand même de longues années de ce travail exaltant pour remettre complètement en question les quantités d’idées fausses et de croyances absurdes dont je m’étais imprégné durant l’enfance et l’adolescence. On finit ainsi par me considérer soit comme un sceptique bon teint, soit comme un renégat selon qu’on me jugeait d’un côté ou de l’autre de la frontière qui sépare les érudits des mystificateurs et des mystifiés. Pour discréditer ma personne et mes travaux, un pâle ufologue belge a cru bon d’inventer une légende selon laquelle j’ai brutalement retourné ma veste à la suite d’une déception causée par la découverte qu’Adamski avait menti et m’avait donc trompé. Les écrits que je n’ai pas cessé de publier entre 1977 et 1989 prouvent au contraire que mon évolution fut progressive et correspondait aux découvertes constantes que j’étais amené à faire en appliquant systématiquement les règles de la critique historique à des quantités de croyances religieuses ou d’événements et de phénomènes réputés mystérieux. Si certains chercheurs parallèles (Sider, Meessen...) ont utilisé la légende dont il vient d’être question pour "expliquer" mon scepticisme, cela démontre simplement leur manque de rigueur intellectuelle ou leur aveuglement (en espérant qu’il ne s’agisse pas de parfaite mauvaise foi). Plus habile, Michel Bougard a concédé la lente évolution de ma pensée, mais a expliqué que mon virage à 180° était en étroit rapport avec le dicton qui dit de certaines personnes qu’elles "brûlent ce qu’elles ont adoré" (Inforespace 104 p. 10). Ce raisonnement captieux tend à faire croire qu’il est suspect de changer d’avis quand on se rend compte qu’on est dans l’erreur. Il est donc utile d’éclairer le professeur Bougard sur la méthode scientifique qui consiste à analyser ses propres erreurs pour ne plus en faire de semblables, plutôt que de s’enfoncer toujours davantage dans ses propres ténèbres en fuyant la lumière comme le font la plupart des propagateurs de mystères ridicules. Vérifier ce qui se dit ou ce qui s’écrit, être capable de remettre en cause à chaque instant une apparente vérité pour la remplacer par quelque chose de mieux établi, pouvoir balayer joyeusement ce qui se révèle être une erreur ; telle est, depuis pas mal d’années, ma démarche intellectuelle. Je ne prétends pas être libéré du poids de toutes les erreurs et de toutes les croyances absurdes, mais je prétends faire de mon mieux pour les traquer, les découvrir et, ensuite, les repousser de mon esprit. La liberté de pensée que donne une telle démarche est si plaisante que j’aimerais en faire bénéficier autant que possible mes contemporains. Mais une telle liberté ne s’impose pas ; elle se gagne. Vous ne trouverez donc pas sur ce site une quelconque forme d’endoctrinement. Vous y trouverez des pistes, des moyens et des conseils qui vous aideront à acquérir une certaine tournure d’esprit qui vous sera utile afin de vous forger désormais vos propres opinions en vous méfiant de tout ce que certains peuvent affirmer dans un but rarement désintéressé...
Marc Hallet
Voir en ligne : http://www.marc-hallet.be