L’éventuel mariage de Jésus
20 octobre 2024 — syagrius
La naissance de Jésus est relatée par seulement 2 évangélistes : Matthieu et Luc, pour le premier Jésus est un aristocrate descendant du roi David par Salomon, pour le second il appartient aussi à la famille de David avec des origines moins brillantes.

La naissance de Jésus
La naissance de Jésus, figure centrale du christianisme, n’est rapportée que par deux évangélistes : Matthieu et Luc.
Pour le premier, Jésus est un aristocrate descendant du roi David par Salomon — une filiation royale qui légitime son titre de « Messie ».
Pour le second, il appartient également à la maison de David, mais par une branche plus modeste, inscrivant son message dans la proximité du peuple.
Ces deux visions reflètent deux lectures théologiques complémentaires : la royauté spirituelle chez Matthieu, la fraternité humaine chez Luc.
Ces récits divergent aussi dans leurs détails symboliques : chez Luc, Jésus reçoit la visite de bergers, témoins de la foi populaire, tandis que Matthieu évoque des mages venus d’Orient, figures savantes et initiées.
Deux lectures d’un même événement — l’une terrestre et pastorale, l’autre céleste et universelle — qui annoncent déjà la pluralité du message chrétien.
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Situation en Palestine
Pour comprendre ces divergences, il faut replacer les récits évangéliques dans leur contexte politique.
En 63 av. J.-C., Pompée s’empare de Jérusalem, et la Judée devient province romaine.
Rome délègue son autorité à une dynastie de rois vassaux — les Hérodiens — chargés d’imposer l’ordre impérial.
Ce pouvoir hybride, entre autorité religieuse et collaboration politique, nourrit la tension constante entre les Juifs et l’occupant.
À partir de l’an 6 ap. J.-C., la Judée passe sous administration directe : crucifixions sommaires, impôts lourds et répression des dissidents deviennent la norme.
Sous Ponce Pilate (26–36), la violence atteint un sommet.
L’homme, que les évangiles présentent parfois comme hésitant, était en réalité un gouverneur brutal, méprisant les coutumes locales et imposant les symboles impériaux jusque dans le Temple.
Dans ce climat de peur et de messianismes concurrents, toute figure charismatique pouvait apparaître comme une menace potentielle à l’ordre établi.
Les Juifs eux-mêmes étaient divisés :
les Sadducéens, proches du Temple et du pouvoir ;
les Pharisiens, gardiens de la Loi ;
les Esséniens, retirés dans le désert de Qumrân ;
et les Nazoréens, dont le nom même pourrait être à l’origine de l’appellation « Jésus le Nazaréen ».
Chronologie historique du contexte évangélique
**Date** | **Événement historique majeur** | **Contexte religieux et politique** |
----------- | -------------------------------- | ------------------------------------ |
63 av. J.-C. | Conquête de Jérusalem par Pompée | Début de la domination romaine sur la Judée |
37–4 av. J.-C. | Règne d’Hérode le Grand | Début du royaume hérodien, alliance avec Rome |
6 ap. J.-C. | Judée administrée par les Romains | Apparition des mouvements zélotes |
26–36 ap. J.-C. | Gouvernement de Ponce Pilate | Multiplication des exécutions politiques |
30–33 ap. J.-C. | Ministère de Jésus et crucifixion | Montée des tensions entre Temple et peuple |
66–74 ap. J.-C. | Grande révolte juive | Destruction du second Temple (70) |
80–100 ap. J.-C. | Rédaction des Évangiles | Distanciation entre chrétiens et judaïsme |
132–135 ap. J.-C. | Révolte de Bar Kokhba | Fin des espoirs messianiques politiques |
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Plusieurs dénominations
Le titre « Jésus de Nazareth » suscite débat.
Flavius Josèphe, pourtant méticuleux, ne mentionne aucune localité du nom de Nazareth dans son inventaire de la Galilée.
Dans le grec ancien, Nazôraios pourrait signifier « consacré » plutôt qu’« originaire de Nazareth ».
On devrait alors comprendre « Jésus le Nazorite », désignant un homme voué à Dieu selon un vœu particulier — ce qui l’associe à une tradition initiatique plutôt qu’à une appartenance géographique.
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Le Messie
Le terme « Messie » vient de l’hébreu Mashiah, « oint du Seigneur », traduit en grec par Christos.
Tout roi d’Israël était un « oint » — David le fut, tout comme les grands prêtres désignés par les Romains, que les Zélotes, eux, considéraient comme des imposteurs.
Pour eux, le vrai Messie serait un chef royal libérateur, non un prédicateur pacifiste.
Les évangiles ont été rédigés après ces événements, dans un contexte de censure implicite.
L’objectif était de présenter un Christ spirituel et non un agitateur politique.
L’évangile de Marc (vers 80) ouvre la voie : il écrit pour Rome et évite toute hostilité envers l’empire.
Matthieu et Luc suivront la même ligne, d’où leur cohérence doctrinale.
Jean, plus tardif (vers 100), développe une lecture mystique : noces de Cana, résurrection de Lazare, dialogues ésotériques.
Sa source pourrait venir d’une école initiatique, voire gnostique, antérieure à l’Église institutionnelle.
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Les incohérences des Évangiles
Les évangiles comportent plusieurs paradoxes.
Jésus, souvent appelé rabbi, enseigne la Loi, mais la tradition juive interdisait à un homme non marié d’enseigner publiquement.
De plus, le célibat était alors considéré comme une anomalie, contraire au commandement divin : « Croissez et multipliez ».
Pourquoi, dès lors, le Messie transgresserait-il une règle aussi fondamentale ?
Était-il véritablement célibataire, ou certains aspects de sa vie conjugale furent-ils volontairement occultés ?
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Les noces de Cana
L’épisode des noces de Cana (Jean 2:1-11) soulève précisément cette question.
Jésus et sa mère y sont « invités », mais Marie agit comme une hôtesse, ordonnant aux serviteurs de remplir les jarres.
Ceux-ci lui obéissent sans hésiter, comme si elle faisait partie de la famille célébrant le mariage.
Lorsque le maître du repas s’adresse au marié, c’est Jésus qui lui répond.
Cette inversion des rôles conduit à une hypothèse audacieuse : Jésus n’était pas un simple invité, mais bien le marié lui-même.
Ne serait-ce pas, en vérité, Jésus le marié de Cana ?
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Une mariée ?
Deux femmes jouent un rôle central autour de Jésus :
Marie de Magdala, décrite par Luc comme une femme fortunée ayant soutenu Jésus et ses disciples de ses biens.
Elle n’est jamais qualifiée de prostituée dans les textes originaux.
C’est elle qui oint le Christ de parfum précieux — un geste à la fois liturgique et nuptial — avec un flacon de nard, symbole d’union et d’initiation.
Luc précise qu’elle avait été « délivrée de sept démons », image que certains relient à un rite initiatique à sept degrés, comparable aux mystères d’Ishtar, déesse de la fécondité.
Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare, partage une intimité évidente avec Jésus.
Lors de la mort de son frère, elle observe les règles du « Shiva », les sept jours de deuil pendant lesquels une femme ne quitte pas la maison sans ordre de son époux.
Or elle se lève à la seule demande du Christ.
Cette réaction pourrait suggérer un lien marital implicite.
Les deux portraits convergent : richesse, onction, proximité.
Nombre d’exégètes contemporains identifient ces deux figures comme une seule et même femme : Marie de Magdala, compagne du Christ.
L’acte d’« oindre les pieds de Jésus » de parfum et de les essuyer avec ses cheveux est d’une portée symbolique considérable.
Dans les traditions sémitiques, les cheveux de la femme sont le siège de la vitalité, de la force vitale et de la pureté.
Les dénouer en public était un acte d’humilité extrême, voire d’union mystique.
Le contact entre le parfum (symbole de l’esprit) et les cheveux (symbole du corps) exprime l’alliance du charnel et du spirituel.
Dans ce geste, Marie ne lave pas seulement des pieds : elle lie, par son propre corps, le terrestre et le divin.
L’Évangile de Philippe — un texte gnostique découvert à Nag Hammadi (1945) — affirme :
« La compagne du Sauveur était Marie de Magdala. Le Christ l’aimait plus que tous les disciples et l’embrassait souvent sur la bouche. »
Les autres disciples s’en indignaient : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous ? »
Et Jésus répondit : « Pourquoi ne l’aimerais-je pas davantage ? »
Marie y est décrite comme la compagne spirituelle et charnelle du Christ, et Lazare, de ce fait, son beau-frère.
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Lazare
Lazare, « celui que Jésus aimait », occupe une place singulière.
Lorsque Jésus apprend sa maladie, il déclare : « Cette maladie ne mène pas à la mort, mais à la gloire de Dieu. »
Son retour à la vie, dans l’Évangile de Jean, peut être lu comme une initiation : la mort symbolique du disciple avant la renaissance spirituelle.
Dans les rites anciens, cette « mise au tombeau » précédait une seconde naissance, analogue au baptême.
Certains auteurs identifient Lazare au « disciple bien-aimé » présent lors de la crucifixion.
Jésus confie alors sa mère à ce disciple — or Lazare est le seul encore propriétaire d’une maison en Judée.
Selon la tradition, Marie mourut à Éphèse, ville où le quatrième évangile aurait été rédigé.
Lazare, Marie de Magdala, Marthe et Joseph d’Arimathie auraient ensuite embarqué pour Marseille, apportant en Gaule les premières traditions chrétiennes.
Joseph aurait poursuivi jusqu’à Glastonbury, en Angleterre, où il aurait fondé la première église chrétienne d’Occident.
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Résumons
Selon cette lecture, Jésus, héritier de David, avait des droits messianiques légitimes.
Marié à Marie de Béthanie — identifiée à Marie-Madeleine — il s’inscrit dans la continuité des lignées royales.
Son entrée à Jérusalem sur un âne, en écho à la prophétie de Zacharie, marque une revendication messianique claire.
Il représentait dès lors une menace pour Hérode et pour Rome.
Son procès, relaté par les synoptiques, ne respecte aucune règle du Sanhédrin :
il a lieu de nuit, pendant la Pâque — ce qui était interdit.
Contrairement à ce que disent les évangiles, le Sanhédrin pouvait prononcer la peine de mort.
S’il ne l’a pas fait, c’est peut-être que la condamnation devait venir de l’autorité romaine, afin de dissocier politiquement le peuple juif de cette exécution.
La crucifixion, supplice réservé aux ennemis de l’empire, est ici étrange.
Jésus meurt en quelques heures, alors qu’un crucifié survit souvent plusieurs jours.
Pilate s’en étonne (Marc 15,44).
On lui tend alors une éponge imbibée de vinaigre : boisson stimulante pour les soldats, mais ici, elle semble l’endormir.
L’évangile de Jean situe la scène dans un jardin appartenant à Joseph d’Arimathie, membre du Sanhédrin — indice d’une possible mise en scène.
Un sédatif ou anesthésiant pourrait expliquer la « mort apparente » et la disparition rapide du corps.
La tradition médiévale attribue ensuite à Joseph d’Arimathie la garde du Saint Graal — symbole du Sang Real, le sang royal.
Ainsi, la légende rejoint l’histoire : l’idée d’une descendance spirituelle, voire biologique, du Christ, transmise à travers le temps et les symboles.
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