**Contexte
La crise financière de 2007-2008 ont ébranlé les pays du sud de la zone Euro, et en particulier la Grèce et l’Espagne.
Les banques espagnoles sont directement touchées par la crise des subprimes. La bulle spéculative qui avait bénéficié à l’immobilier et au secteur du bâtiment éclate. L’Espagne prend des mesure d’austérité.
La dette grecque était sous-estimée. Ses dirigeants avaient tenté de cacher l’ampleur du désastre avec l’aide de la banque d’investissement Goldam Sachs, également impliqué dans la crise des subprimes [1]. Les marchés financiers spéculent sur la dette grecque qui atteint bientôt 150% du PIB, soit 350 milliards d’euros.
Après le départ des Indignés [2] de la place de la Puerta del Sol le 12 juin 2011, après près d’un mois d’occupation, les Indignados lancent un appel dans le reste du monde pour continuer à faire vivre le mouvement. Des assemblées populaires sont organisées à Madrid et une grève générale est déclarée en Grèce le 15 juin...
Le 9 septembre 2011, les Indignados de la Puerta del Sol en Espagne et les grévistes de la place Syntagma en Grèce signent une déclaration commune, premier acte de coordination d’un mouvement qui continuera en Europe par une marche sur Bruxelles en 2012 et par divers actions de soutien...
Source de la photographie : Alger Républicain
**Le manifeste
Appel Sol-Syntagma
9 septembre 2011 par Les indignés
Des USA à Bruxelles, de la Grèce à la Bolivie, d’Espagne en Tunisie, la crise du capitalisme s’approfondit. En sont responsables ceux-là mêmes qui nous imposent des recettes pour la surmonter. Leur prétendu remède ? Transférer des ressources publiques à des institutions financières privées et faire payer la facture aux peuples avec des plans d’ajustement qui, loin de nous faire sortir de la crise, nous y enfoncent davantage.
Dans l’UE, les attaques des marchés financiers contre les dettes publiques font du chantage aux gouvernements et prennent en otage les Parlements, qui adoptent des mesures injustes au détriment de leurs peuples. Les institutions européennes, au lieu de prendre des décisions politiques fortes face aux attaques des marchés financiers, s’alignent sur ceux-ci.
Depuis le début de cette crise, nous assistons à une tentative de convertir la dette privée en dette publique. Il s’agit de socialiser impunément les pertes après avoir scandaleusement privatisé les profits.
Les taux d’intérêt élevés imposés pour obtenir des financements, ne sont pas imputables aux doutes relatifs à notre solvabilité, mais aux manœuvres spéculatives des grands établissements financiers, avec la complicité des agences de notation.
Les coupes économiques s’accompagnent de restrictions des libertés démocratiques. Citons parmi celles-ci, des mesures de contrôle et d’expulsion de la population immigrée ainsi que des limitations à la libre circulation des Européens dans l’UE. Ce n’est que pour l’euro et les capitaux spéculatifs que les frontières sont toujours ouvertes.
En Espagne, nous sommes soumis à un processus d’arnaque collective. La dette publique (60% du PIB ) n’est pas un problème et pourtant elle est utilisée comme prétexte pour nous faire croire que nous sommes dans une situation grave, qui justifie les dures attaques contre nos droits et notre patrimoine, attaques qui menacent de s’aggraver. En revanche, la dette privée (240% du PIB) est un vrai problème, mais au lieu d’appliquer aux banques les mesures d’austérité ils leur accordent des aides et des prébendes en tous genres aux dépens du Trésor public. La plus grosse « aide » consiste à brader à bas prix presque la moitié de nos Caisses d’épargne, ainsi que des entreprises et activités rentables.
Pendant ce temps, contrevenant à plusieurs droits fondamentaux, l’accès à la Puerta del Sol, épicentre du mouvement du 15 mai (15M) est resté interdit.
En Grèce, ils nous ont imposé un mémorandum. Ils nous ont dit que les coupes, l’austérité et les nouveaux impôts sont des sacrifices nécessaires pour faire sortir le pays de la crise et diminuer la dette. Ils nous ont menti !
Jour après jour des nouvelles mesures sont prises, les salaires sont amputés, le chômage monte en flèche, la jeunesse émigre. Et la dette n’arrête pas de gonfler, parce que les nouveaux emprunts sont destinés à payer les énormes intérêts exigés par nos créanciers. Les déficits de la Grèce et des autres pays du Sud européen deviennent des mines d’or pour les banques allemandes et d’autres pays riches du Nord.
Les responsables du gonflement de la dette ne sont pas les salaires et les pensions de retraite. Les responsables en sont les considérables allégements fiscaux et les subventions en faveur du capital, les énormes dépenses, et les énormes profits des l’industries pharmaceutique et d’armement. Ils nous mettent en faillite afin d’appliquer des mesures et des coupes budgétaires catastrophiques, afin de vendre la terre et les biens publics à des prix défiant toute concurrence.
Crédit photographique : F.Perrier/Humanité
Nous disons :
- Qu’ils retirent leur mémorandum ! Qu’ils s’en aillent ! Nous ne voulons être gouvernés par le FMI et la Troïka.
- Nationalisation des banques. Avec ses plans de sauvetage, l’Etat les a déjà payées bien au-dessus de leur valeur boursière pour qu’elles puissent continuer à spéculer.
- Ouverture au peuple des comptes de la dette pour que nous sachions où est allé l’argent.
- Redistribuer radicalement les richesses et changer la politique fiscale pour faire payer ceux qui possèdent le plus : les banquiers, le capital et l’Eglise.
- Nous voulons un contrôle populaire démocratique de l’économie et de la production.
- Pour toutes ces raisons, depuis les deux places, ensemble NOUS DECLARONS que :
LES POLITIQUES D’AJUSTEMENT QU’ILS APPLIQUENT NE NOUS FERONT PAS SORTIR DE LA CRISE, MAIS NOUS Y ENFONCERONT PLUS PROFONDEMENT ENCORE. ILS NOUS ENTRAÎNENT VERS UNE SITUATION LIMITE AFIN D’APPLIQUER DES MESURES DE SAUVETAGE, QUI EN REALITE SAUVERONT LES BANQUES CREANCIERES ET QUI VONT SE CONCRETISER PAR DE GRAVES ATTAQUES CONTRE NOS DROITS, NOS BUDGETS DE MÉNAGE ET NOTRE PATRIMOINE PUBLIC.
Nous devons NOUS INDIGNER et NOUS RÉVOLTER contre de telles attaques. C’est ce que nous faisons avec le mouvement du 15 Mai dans la Place de la Puerta del Sol et à partir de l’Assemblée Populaire de Syntagma.
Nous invitons tous les indignés de toutes les places à s’y joindre.
- Stop aux plans d’ajustement et de sauvetage
- Non au paiement de la dette illégitime. Cette dette n’est pas la nôtre ! Nous ne devons rien, nous ne vendons rien, nous ne payerons rien !
- Pour une démocratie directe et réelle MAINTENANT.
- Défense du patrimoine public. Aucune vente de propriétés ou de services publics.
- Pour la coordination de tous les indignés de toutes les places.
Voir la version grecque.http://www.contra-xreos.gr/
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Ce monde est à nous, changeons-le !