Contexte Historique
Avant la fin de la deuxième guerre punique (218-201 AV Jc) qui avait éprouvé le moral et les nerfs du peuple romain, le sénat a du faire la part du feu. Il s’entend avec le roi de Pergame pour faire venir de Pessinonte la pierre noire de Cybèle, dont le culte est officialisé en 204.
Cybèle, à la différence des autres divinités orientales généralement introduites à Rome par des étrangers, des esclaves, ou rapportées par des soldats revenant de lointaines expéditions militaires, pénétra dans la ville de façon tout à fait officielle, promue par l’aristocratie romaine : en 205, les Livres sibyllins , pour chasser du sol italien l’ennemi étranger, conseillèrent aux Romains de transporter de Pessinonte à Rome le bétyle représentant la Mère des dieux.
Ceux ci prédisent qu’on chassera l’ennemi de la péninsule à condition de transporter à Rome "la mère idéenne de Pessinonte". Déjà des forets de l’Ida troyen, Enée et ses compagnons avaient tiré le bois des vaisseaux qui les avaient menés en Italie. La mère idéenne avait donc veillé déjà sur les ancêtres lointains de Romulus et elle s’identifiait avec la mère crétoise comme apollon de Délos le rappelle à Enée chez Virgile (eneide, 3, 94-98).
L’entente politique de Rome avec Attale, roi de Pergame, expliquent la rapidité avec laquelle on mit à exécution les suggestions des décemvirs. Une délégation officielle se rendit à Pessinonte et rapporta le bétyle noir, qui fut solennellement accueilli à Ostie par le « citoyen le plus vertueux » uir optimus de Rome, P. Scipion Nasica, et par les matrones (parmi elles, Claudia Quinta, dont, ultérieurement, la légende embellit le rôle : sa chasteté fut prouvée par une intervention miraculeuse de la déesse). Installée provisoirement dans le temple de la Victoire, la Grande Mère eut ensuite son temple sur le Palatin, dédié en 191 ; en outre, on décréta en son honneur un lectisterne et les jeux Mégalésiens, célébrés tous les ans, le 4 avril. [1]
C’est ainsi que l’on retrouve dans la capitale des gaules : colonia copia Claudia, du nom même de l’empereur Claude qui y était né précisément le jour de l’inauguration de l’autel de Rome et d’auguste, un important essor du culte. D’ailleurs la gaule est une terre de prédilection, on y retrouve plus d’une soixantaine d’autel taurobolique. De plus, le plus ancien autel taurobolique connu et daté provient de Lyon (cil, 13, 1751) soit en décembre 3 mois avant la mort de l’empereur Antonin le pieux (138 161) p203. Mais il fixe le souvenir d’un taurobole accompli en 160 au phrygianum du Vatican pour consacrer très probablement le premier archigalle de Lyon, investi rituellement à Rome par les quindécemvirs sacris faciundis.
A travers la pénétration du culte et de notre autel de Lyon nous allons essayer de comprendre comment s’est faite l’implantation de ce culte orientale en gaule.
Le culte de Cybèle en soit
**Le mythe
Divinité orientale et gréco-romaine connue habituellement sous le nom de Cybèle dans la littérature de la Grèce et de Rome depuis le Ve siècle environ, la Grande Mère des dieux avait également plusieurs autres appellations.
Certaines de celles-ci provenant de lieux célèbres où l’on rendait un culte à cette divinité (ainsi Dindymène, du mont Dindyme en Galatie). Le nom officiel complet que lui donnaient les Romains était Mater deum magna Idaea (la Grande Mère des dieux, déesse de l’Ida). [2]
Grande Mère des dieux, Cybèle était adorée à Pessinonte en Phrygie et sur l’Ida comme déesse de la terre et maîtresse des fauves. Sa religion, où se manifestaient les éléments d’un fétichisme primitif (culte du pin, des pierres, des fauves), était caractérisée par des cérémonies orgiaques de nature mystique et par des rites sauvages (mutilation et émasculation de ses prêtres, les galles) ; elle possédait un dieu parèdre, Attis.
Voici d’après Arnobe (contre les nations, 5, 5-7) le mythe pessinontien de fondation qu’exposait Timothée :
Il y avait en Phrygie une éminence rocheuse : agdos d’ou Pyrrha et Deucalion avaient tiré, dit on les cailloux jetés de par le monde pour reconstituer la race humaine après le déluge. De la pierre animé s’était formé la mère que Jupiter aurait tenté en vain de séduire. Faute de mieux il aurait fécondé le roc qui avait enfanté un enfant bisexué : acdetis ou agdistis).
Agdos Cet hermaphrodite, qui avait à la fois la violence des instincts masculins et féminins, se déchaînaient sans égard ni aux dieux ni aux hommes. De là l’olympe décida de lui retirer l’un de ses sexes, Dionysos après l’avoir assoupi avec du vin le ligote et l’émascule, de son sang écoulé qui rougit la terre naîtra un grenadier chargé de fruit.
Nana, la fille du roi de sangarios ravie par la vue de la grenade la met sur son sein ce qui la rend grosse et suscite la colère de son père. Sangorios enferme alors nana en la privant de nourriture. Mais la mère des dieux l’alimente, elle met au monde un fils : Attis ou chez les phrygiens attagis.
Cybèle adore ce garçon mais Acdestis aussi, quoique eunuques ou parce que. Attis ayant avoué au roi Midas celui de Pessinonte l’affection que lui voue Acdestis lui propose le mariage avec sa fille. La mère des dieux intervient le jour des noces car elle connaît le destin de l’adolescent et qu’il ne serait sauvegardé parmi les hommes. Force les remparts. Acdestis en fureur surgit au milieu du festin et communique son délire, la fiancée de coupe les seins, le père se châtre.. quant a Attis, il fuit presque en transe quasiment dionysiatique, et tombe au pied d’un pin après s’être amputé.
"tiens, Acdestis prends ces parties à cause desquels tu as provoqué par la folie de si grands malheur".
Il meurt et se son sang naît des violettes qui servent à décorer les pins sacrée d’Attis. la grande mère lave et enterre précieusement les uirila du défunt. La fiancé se tue sur la tombe, de son corps enterré par Cybèle naître un amandier symbole amer du deuil. Prié en vain par Acdestis de ressusciter Attis, Jupiter le consent, son corps échappera la putréfaction, ses cheveux continueront de pousser et son petit doigt de bouger = culte annuel
**ANTONIN LE PIEUX
(86-161) empereur romain (138-161)
Autant Hadrien est un voyageur infatigable, un esprit versé dans la connaissance de l’universalisme et du cosmopolitisme hellénistique, autant Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius, plus connu sous le nom d’Antonin le Pieux, qui lui succède en 138, apparaît comme un empereur tourné vers le passé, vers les vieilles traditions romaines.
Né à Lanuvium, non loin de Rome, il appartient à une bourgeoisie rurale originaire de Nîmes et il aime, dit-on, faire lui-même les vendanges [3]. Partagé entre le respect dû à cette déesse officiellement adoptée par la Ville et dont l’arrivée avait coïncidé avec la victoire sur Carthage et, d’autre part, le danger que présentaient pour la moralité romaine ces fêtes « scandaleuses », le Sénat prit des mesures destinées à isoler Cybèle dans son temple du Palatin :
Interdiction aux citoyens romains et aux esclaves de faire partie du clergé et de sacrifier à la déesse ; rites et sacrifices confinés à l’intérieur du temple ; quête publique autorisée uniquement à certains jours de l’année. Ces mesures restrictives expliquent que le culte de la Grande Mère ait eu une existence obscure jusqu’à la période impériale.
Celle-ci marque une nouvelle phase dans la religion de la Grande Mère : Auguste, hostile aux cultes orientaux qu’il bannit hors du pomerium , manifeste au contraire son attachement au culte de Cybèle dont il fait reconstruire le temple, détruit par un incendie, qu’il dédie en l’an 3 ; sa femme, Livie, est assimilée à la déesse ; les poètes augustéens rattachent le culte aux origines troyennes de Rome.
Des innovations importantes sont ensuite apportées par l’empereur Claude et les Antonins : le parèdre de la déesse, Attis, est doté d’un culte officiel et son prestige s’est progressivement accru aux dépens de celui de Cybèle [4].
**Lyon capitale des gaules
Lugdunum est fondée en 43 par le proconsul Munatius Plancus, « à l’endroit où la Saône et le Rhône mêlent leurs eaux », pour établir les familles romaines chassées de Vienne par le soulèvement des Allobroges à la mort de César.
Condate, sur les pentes de la colline de la Croix Rousse et sur la bande de terre séparant les deux fleuves, et la ville basse, centre du commerce fluvial. Condate est le centre religieux de tous les peuples de la Gaule : en l’an -12, un autel en l’honneur de César-Auguste y est érigé ; chaque année, les députés des soixante cités des Gaules s’y réunissent.
de plus le plus ancien autel taurobolique connu et daté provient de Lyon (cil, 13, 1751). Mais il fixe le souvenir d’au taurobole accompli en 160 au phrygianum du Vatican pour consacrer tres probablement le premier archigalle de Lyon, investi rituellement à Rome par les quindecemvirs sacris faciundis. La cérémonie fut suivie d’une minuit = mesonyctium le 9 décembre de la même année, veillée peut etre marqué par une liturgie initiatique. L’intronisation de l’archigalle Lyonnais dut coïncider avec l’inauguration du sanctuaire de Cybèle, qu’on n’a pas encore identifié assurément derrière le grand théâtre de fourviere.
Le rite
**La notion d’autel
Le culte a créé l’autel. En raison de cette dépendance, ses formes sont avant tout déterminées par les rites, ce qui n’exclut pas d’autres influences [5].
À lui seul l’autel est un sanctuaire. Jacob proclame que la pierre qu’il a ointe « sera une maison de Dieu ». De même, les païens ont longtemps élevé des autels en dehors des temples. Mais l’autel est généralement associé à un ensemble sacré. Les druides utilisaient des autels de bois d’ailleurs à l’instar des temples afin de respecter la donne naturel et primitive entre dieux et les hommes
**Les galles
Dans le mythe, ses serviteurs, les corybantes, étaient des êtres sauvages, à demi démoniaques [6]. Ses prêtres, les galles, se castraient eux-mêmes quand ils entraient à son service.
Cette automutilation barbare trouvait sa justification dans le mythe suivant : l’amant de la Grande Mère, le dieu de la fertilité, Attis, s’était émasculé sous un pin où il avait trouvé la mort en perdant tout son sang.
Chaque année, à la fête de Cybèle (du 15 au 27 mars), on coupait un pin qu’on apportait à son sanctuaire ; là, il était adoré comme un dieu et décoré de violettes qui avaient poussé, croyait-on, à partir du sang d’Attis.
Le 24 mars, le « jour du Sang », le grand prêtre de Cybèle, l’archigalle, se tranchait la peau du bras et en offrait le sang à la déesse, au son des cymbales, des tambourins et des flûtes, tandis que les prêtres de rang inférieur tournoyaient, en proie au délire, et se tailladaient le corps pour enduire l’autel et le pin de leur sang. Ces rites avaient pour but la résurrection d’Attis, qui symbolisait le retour de la fertilité.
Le 27 mars marquait le couronnement de la fête. La statue d’argent de la déesse, avec la pierre sacrée placée à l’intérieur de sa tête, était portée dans une procession compliquée, et on la baignait dans l’Almo, un affluent du Tibre.
La castration d’Acdestis légitime l’eunnuchisme, afin d’échapper à la sujétion des instincts sexuels selon Timothée.
De nouveaux prêtres, les archigalles, sont choisis parmi les citoyens romains (ce ne sont pas des eunuques comme les galles). Un nouveau cycle de fêtes, à caractère nettement phrygien, du 15 au 27 mars, fait revivre la mort et la résurrection d’Attis, symbolisant la renaissance de la végétation [7].
**La taurobole et criobole
Le premier jour, une procession de cannophores (porte roseaux) et le sacrifice d’un taureau précèdent une semaine de continence et d’abstinence .
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Le 22 mars, les dendrophores transportent un pin. désormais le 22 mars, la confrérie des bûcherons ou dendrophores porte processionnellement au temple du palatin le pin coupé (enveloppé de bandelettes et de violettes, représentant Attis mort )en souvenir de l’arbre au pied duquel Attis avait tranché sa virilité.
Le pin était coupé avant la fin de la nuit en sacrifiant un bélier dont le sang imprégnait les racines de l’arbre. marquant une neuvaine de pénitence une sorte de carême.
Le 24, jour du sanguis , les funérailles du dieu sont célébrées à grand renfort de douleur bruyante et de mutilations.
Le 25, les hilaries fêtent la résurrection d’Attis.
Enfin, le 27, la Grande Mère est purifiée par un bain (lavatio ) dans l’Almo, vieux rite agraire qui a pour but d’attirer la pluie.
Cette alternance de douleur violente et de joie exubérante, l’impression brillante produite par le cortège de Cybèle, la promesse de salut contenue dans la résurrection d’Attis attirèrent la dévotion des Romains, surtout des femmes, écartées du culte de Mithra.
Le rituel du taurobole — purification et initiation par le sang d’un taureau égorgé, qu’on recueille d’abord dans un vase, puis, au IVe siècle, dont on asperge le fidèle en manière de baptême — fut introduit officiellement à Rome par Antonin [8].
On sait, par une inscription, que le culte de la grande-mère Cybèle a été introduit officiellement à Lyon, venant du Vatican de Rome, que ce culte a été inauguré, sous le règne d’Antonin, par un taurobole pour le salut de l’empereur et de la maison impériale et pour celui de la colonie de Lyon.
Le rite barbare du taurobole, qui consistait à asperger un fidèle du sang du sacrifice d’un taureau, s’est largement répandu, à partir de Lyon, au milieu du IIe siècle et jusqu’au IIIe siècle. Fait digne de remarque, la Gaule est de toutes les provinces romaines celle qui a fourni le plus de tauroboles [9].
L’archigalle (grand prêtre) institué sous Claude était un citoyen romain, or il devait être comme les autres galles castrer. C’est là qu’intervient le rituel singulier du taurobole comme sacrifice de substitution.
La première attestation épigraphique d’un taurobole metroaque date de 160 ap. modalité que par des auteurs chrétiens comme firmicus maternus et surtout prudence.
Prudence parle d’une arme de jet, uenabulum ou epieu de chasse. Pourtant les monuments nous montrent un long couteau muni d’un crochet (harpè). Il s’agissait de frapper le taureau pour ensuite élargir la plaie avec le croc, afin d’obtenir un abondant flot de sang.
L’archigalle pouvait désormais porté la couronne et l’occabus ou gros bracelet d’or. investi par les quindécemvirs sacris faciundis, il appartenait à la hiérarchie officielle du sacerdoce romain.
D’abord accompli dans le port d’Ostie, la taurobole fut célébré à partir d’Antonin le pieux dans un nouveau sanctuaire phrygien construit au Vatican.
On taurobolise sur l’ordre de Cybèle, des le milieu du second siècle ap, le sanctuaire du Vatican est le haut lieu de la consécration metroaque., devant l’actuelle basilique saint pierre.
La taurobole associé à un criobole, sacrifice du bélier auquel on arrachait aussi les testicules.
On peut penser que la taurobole honorait Cybèle et la criobole Attis, or l’apologiste chrétien clément d’Alexandrie (protreptique, 2, 15, 2) évoque le mythe de Zeus arrachant au bélier ses deux testicules qu’il jeta au beau milieu du sein de deo (terre mère), acquittant mensongèrement la peine de sa violence impudique, comme s’il s’etait mutile lui même. La violence de Zeus envers deo rappelle la fécondation du rocher agdos. La taurobolisé est en somme "rené" comme Attis né une vie nouvelle. Un seul empereur se fait taurobolisé : hierogabale (218 222) mais pour s’emparer de la pierre noire !!!!
Les réactions en gaule
**Un mythe plus ancien
Le récit légendaire donné par vulcain dans un texte de sa Pharsale ainsi reconstitué met en scène une grande déesse-mère qui est le personnage principal et qui épouse successivement le dieu du ciel, Taranis (dieu céleste), et le dieu de la terre, Esus (démiurge, ordonnateur du monde, médiateur entre le dieu de la vie et la mort).
Ce dernier apparaît, suivant les saisons, tantôt sous une forme humaine et sous le nom d’Esus, tantôt sous la forme d’un monstre hybride, moitié homme moitié cerf, Cernunnos.
En tant qu’Esus, le dieu est celui de la végétation et l’époux printanier de la déesse-mère ; en tant que Cernunnos, il est le dieu des enfers, des morts et de la richesse. Il est devenu, à la fin de l’hiver, l’amant de la déesse-mère qui a quitté Taranis et ses chiens redoutables pour le rejoindre sous la terre.
Encouragé et soutenu par la déesse-mère, le compagnon et protecteur d’Esus, le héros Smertrius, qui a été assimilé à l’Hercule romain, tue le molosse de Taranis, suivant un mythe qui rappelle le triomphe d’Héraclès sur le lion de Némée ou sur Cerbère.
Pour se venger, le dieu du ciel envoie un autre chien contre la déesse-mère et la transforme, elle et ses deux acolytes, en trois grues. Celles-ci recouvrent la forme humaine grâce à Hercule-Smertrius qui sacrifie, pour assurer leur nouvelle métamorphose, les trois taureaux divins découverts par les Dioscures avec l’assistance d’Apollon. Smertrius aura également permis à Cernunnos, par le sacrifice d’un cerf, de revenir sous la forme humaine afin de retrouver la déesse-mère et de l’épouser. La religion que l’on vient d’évoquer est celle des Gaulois de La Tène
**Un rayonnement particulier
Les religions orientales à mystères (culte de Cybèle et Attis, culte de Mithra) ont connu en Gaule un rayonnement particulier, qui est dû en partie à des causes historiques et géographiques. L’abondance d’éléments grecs et orientaux dans la vallée du Rhône, entre Vienne et Lyon, a permis la diffusion rapide du culte de Cybèle, surtout à partir du règne d’Antonin.
**De réelles comparaisons
Cette large diffusion en Gaule des cultes orientaux paraît avoir été facilitée dans une certaine mesure par les réelles analogies que présentait leur rituel avec celui de la religion celtique.
C’est ainsi qu’à la cérémonie de l’arbor intrat , procession du pin d’Attis, correspondait un usage gaulois analogue : les guerriers gaulois transportant processionnellement, à certaines dates de l’année, un arbre, qu’ils allaient ensuite jeter dans un puits.
Ce rite gaulois est attesté par une scène figurant sur le chaudron de Gundestrup et par les arbres entiers, munis de leurs branches, de leurs racines et de leurs feuilles, découverts dans les puits funéraires gallo-romains, notamment en Vendée et dans le Sud-Ouest.
Quant au taurobole, il trouvait son équivalent approché dans le sacrifice annuel des taureaux en l’honneur de la déesse-mère. On peut se demander si dans une large mesure, notamment à Lyon, le culte de la grande mère des dieux n’est pas venu se greffer sur un culte indigène des déesses mères.
Les figurations décorant une série de chaudrons en bronze ou en argent, dont la plupart ont été découverts au Danemark, ont une origine gauloise. Le chaudron de Brå porte, entre deux têtes de taureaux, une représentation expressionniste de la tête d’une chouette, associée à un serpent stylisé [10].
Nous pensons qu’il s’agit ici de la chouette et du serpent d’Athéna-Minerve, cette déesse ayant été assimilée à la déesse-mère des Gaulois. On observe qu’elle est associée aux têtes de taureaux, symboles des sacrifices qui avaient lieu en son honneur.
Sur la parure de Reinheim figure une Athéna celtisée, qui peut être assimilée à la déesse-mère gauloise.
Sur le chaudron de Rynkeby apparaît l’une des plus anciennes représentations que l’on connaisse de la triade gauloise, qui est invoquée par Lucain dans La Pharsale (I, 44) et qui semble être à la base du panthéon gaulois
Conclusion
Par décret des décurions, ce qui confère un caractère officielle à l’acte religieux.
Le culte de Cybèle eut une grande extension géographique : plusieurs sanctuaires à Rome, un important métrôon à Ostie, des temples dans toutes les provinces et dans les grands centres métroaques de Lyon et de Vienne.
L’image de la déesse, couronnée de tours et assise sur un char tiré par des fauves, était présente dans tout l’Empire. Son culte, étroitement associé à celui de l’empereur, fut considéré comme une manifestation de loyalisme à l’égard de celui-ci (le taurobole étant généralement accompli pour le salut de l’empereur et de sa famille).
Les dendrophores, chargés de porter le pin sacré lors des fêtes du printemps, furent à l’origine de corporations à la fois religieuses et professionnelles regroupant les charpentiers. Les autels tauroboliques manifestent la pérennité du culte de Cybèle et d’Attis jusqu’à la fin de l’Empire. [11]
Aux rêveries de la fondation, de la construction s’allient tous les symbolismes si riches de la « pierre d’angle », de la « pierre vive » qui vont du symbole bétyle, ou de l’omphalos (cf. la pierre noire de Cybèle) au symbolisme amplifié que constitue le temple (beith-el , « maison de Dieu », temple, qui a donné bétyle) et la simple maison.
Bibliographie
Robert turcan, les cultes orientaux, les belles lettres, paris, 1992
Marcel le glay, la religion romaine, a colin, paris, 1997
Franz cumont, recherches sur le symbolisme funéraire des romains, belles lettres, paris, 1966
John scheid, la religion romaine, a colin, paris, 1998