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Les films de science-fiction qui posent des questions sur l’homme et la réalité

dimanche 19 juin 2011, par Neimad

Depuis une vingtaine d’années, des films de science-fiction – principalement américains – mettent en doute l’existence de la réalité telle que nous la percevons et interrogent la place de l’homme dans l’univers. Pour n’en citer que quelques-uns : Dark City, Pi, 23, Sphère, Matrix, X-Men, Dante 01, Solaris, Vanilla Sky (l’adaptation d’Ouvre les yeux en espagnol », Blade Runner, Total Recall, Minority Report et L’Agence (quatre films inspirés des romans ou nouvelles de Philip K. Dick) [1], Dune (inspiré du roman de Franck Herbert, L’Antre de la Folie (inspiré des écrits d’H.P. Lovecraft) [2], Southland Tales, Inception. Les séries ne sont pas en mal : X-Files, Lost, Les 4400, Heroes, Fringe...

Côté japanimation, on peut citer les plus classiques : Akira, Ghost in the Shell... mais d’autres mangas mériteraient d’être transformés en dessins-animés, tels que Miri Nikki qui raconte l’histoire d’un étudiant japonais qui revit sa propre vie avec le pouvoir de la changer...

L’utilisation de la science-fiction pour raconter ces histoires apparaît comme le moyen adéquat pour ne pas sombrer dans le fantastique, le merveilleux ou la folie. Dans ces histoires, en effet, il n’y a pas de Dieu, ce qui veut dire qu’il n’y a aucune sortie de secours, le héros ne reviendra pas à la vie normale, il ne s’éveillera d’un cauchemar pour revenir à sa vie d’avant. Le spectateur doit adhérer à l’univers du réalisateur s’il veut continuer à se projeter dans le héros du film et à avoir encore une emprise sur l’univers déformé qui l’entoure. Il doit faire un choix entre le héros et le décorum, entre la liberté et la solitude du héros, d’une part, et la douce et chaude illusion de l’autre…

Tous les spectateurs n’apprécient pas ce genre de film. Tous ne les comprennent pas. Il est vrai que ces films sont souvent graves. Le tragique n’admet pas le sens de l’humour.

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Il mondo è strano, non ti pare ?

Notes

[1] On attend prochainement la diffusion de Radio Free Albemuth, l’adaptation d’un autre roman de P. K. Dick, en tournage depuis 2007. Voir la bande annonce.

[2] Une série de trois courts métrages inspirés de nouvelles de Lovecraft, intitulée Arkham Sanitarium, devrait sortir en octobre 2011. En savoir plus.

2 Messages de forum

  • L’on a pas attendu les années 90 pour faire des films de SF qui mettent en doutent la réalité, questionnent la réalité, la place de l’homme dans l’univers...
    Je suis personnellement un immense fan de l’univers de Star Trek, et le second épisode pilote de la série, dans les années 60, qui est peu connu du grand publique et qui a pour titre "Ou l’Homme dépasse L’Homme", voit un membre de l’équipage accidentellement doté de pouvoir psychiques qui dépassent de très loin sa capacité à les assumer (télépathie, télékinésie, manipulation de la matière à l’échelle atomique, vision au loin) et à en user avec sagesse. Ce personnage se déshumanise progressivement à mesure qu’il à l’impression d’être un dieu et de s’affranchir progressivement de tout un ensemble de règle, comportements, loi etc de conduite vis à vis des autres humains "simples".
    C’est toute la question de la corruption du pouvoir et le fait qu’un pouvoir absolu corromps absolument.
    Ce qui fait justement de l’univers de Star Trek un univers de SF intéressant c’est qu’il voit les héros confrontés à l’inconnu et à des questionnements éthiques, moraux, scientifiques etc... de situations nouvelles ou ils doivent faire des choix et agir. La question la plus récurrente étant : a ton le droit si l’on est une civilisation avancée, d’intervenir dans le cour de l’histoire d’une civilisation primitive même pour des raisons humanistes ?
    Même l’univers des Comics et leur passage à l’écran pose parfois aussi des questions importantes. Tout l’affrontement Professeur X / Magneto n’est qu’un métaphore sur le racisme et les 2 figures qu’étaient Martin Luther King et Malcolm X.
    Je me souviens aussi de cet échange cinglant entre les personnage de Bruce Banner (Hulk) et Captain American (Steve Rogers). La question se pose, que devrait-on faire si l’on avait une machine à voyager dans le temps, Captain American répond : je reviendrais dans les années 30 et j’empêcherais Hitler d’acquérir de l’influence. Banner répond lui : moi je donnerais des antibiotiques aux natifs américains avant l’arrivée des colons blancs. Je vous laisse deviner la réaction de Rogers... Question sur l’interventionnisme, le "remède" ne risque t-il pas d’être pire que le mal ?

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  • Sans dénier à la série Star Trek le rôle de précurseur de la SF, elle n’interrogeait pas la réalité elle-même, mais les pouvoirs psychiques, l’évolution de l’homme, les formes que peuvent prendre la vie et l’intelligence, etc. Le capitaine Kirk ressemble à UIysse, c’est un personnage positif qui ne se pose pas de questions existentielles sur sa propre réalité ou celle du monde qui l’entoure.

    Si on peut retrouver des traces de ce questionnement chez Tchouang-tseu [1], Descartes [2] et Shakespeare [3], il compare toujours la réalité à un rêve, alors que la science-fiction permet de donner une matière autrement plus inquiétante à cette idée, en faisant de ce "rêve" une réalité fabriquée par une machine, une simulation...

    Philip K. Dick aborda ce thème dès les années 50, elle reste cantonnée au lectorat de la SF. Il faut attendre les années 90-2000 pour qu’il touche le grand public avec toute une série de films [4]. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à l’avoir remarqué. Je cite "le dernier des blogs" :

    La notion de réalité a-t-elle connu une crise majeure autour de l’année 2000 ?

    Source : http://hyperbate.fr/dernier/?p=6036

    L’auteur donne de très nombreux exemples de films...

    [1] cf. le rêve du papillon : « Mais il ne savait pas s’il était Zhuangzi qui avait rêvé qu’il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu’il était Zhuangzi. », in Discours sur l’identité des choses, IVe siècle av. JC.

    [2] "Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours", in Les Méditations métaphysiques.

    [3] "Nous sommes de la même étoffe que les songes, et notre vie infime est cernée de sommeil", in La tempête, 1611.

    [4] La plupart de ces films s’inspirent peu ou prou des livres des années 50 et 60 : Simulacron 3 de Daniel F. Galouye a inspiré le film "Passé Virtuel", et de nombreuses nouvelles ou romans de P. K. Dick ont été portés au cinéma. Certaines œuvres sont évidemment originales, comme Dark City, Abre los Ojos et Inception.

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