Un enfant a un accident d’avion. Il est un des seuls rescapés. Il a la plupart des os brisés, dont une partie de la colonne vertébrale. Sitôt emmené à l’hôpital, il est plongé dans un coma intermittent qui dura des années.
Il y passa toute son adolescence, toute sa croissance. Pendant ce temps, sa mère, infirmière, pria pour qu’il soit sauvé. Contrairement aux prévisions des médecins, l’enfant ne mourut pas. Tous ses os se ressoudèrent. Il n’eut aucune séquelle de son coma si ce n’est une absence d’odorat. Sa croissance se déroula normalement et il ne subit pas l’atrophie musculaire qu’aurait dû engendrer une position allongée pendant des années. Sa mère consulta plusieurs spécialistes. Un jour qu’elle avait montré les radios sans n’avoir rien précisé, le médecin lui fit ses condoléances : en voyant tous les os cassés, il ne pouvait être que décédé. Sa guérison reste toujours inexpliqué par la médecine.
Après qu’il soit rentré chez lui, sa mère constata plusieurs fois qu’il lévitait à près d’un mètre au-dessus de son lit. Il dormait pendant ce temps ; c’était la nuit. Une autre fois, elle le trouva assis en tailleur, psalmodiant des mots dans une langue inconnue – ou qu’elle ne reconnût pas. A l‘époque où il me parlait, il avait une vingtaine d’année, faisait de la musculation et se disait bouddhiste. Sa mère, depuis, s’était plongée aussi dans le bouddhisme et dans l’ésotérisme. Il ne garde aucune trace physique de son accident et mène aujourd’hui une vie normale.
Partons du postulat que sa guérison attestée est aussi vraie que le reste. Doit-on lier ces effets à la prière ou à « de la chance » ? Pourquoi un individu guéri se mettrait-il à léviter et à parler dans une langue étrangère ? Pourquoi la nuit, sans qu’il en ait conscience ? L’explication culturelle est plus qu’insuffisante, elle est anachronique : sa mère et son fils n’ont commencé à s’intéresser au bouddhisme – et à l’ésotérisme pour sa mère – qu’après le « miracle » et les phénomènes qui suivirent. Il est vrai, cependant, qu’elle « pria ». Même athée, prier signifier s’en remettre à une force supérieure à soi, ou du moins à des forces invisibles. C’est un présupposé métaphysique. Pourquoi, cependant, cela aurait-il marché pour elle et pas pour d’autres ? C’est une question que l’on peut poser pour tous les phénomènes « paranormaux ».