La femme de Jésus... et si Dan Brown avait raison ?

lundi 5 mai 2014

L’objet du délit : un bout de papyrus de 7,6 cm de large sur 3,8 cm de hauteur, écrit en copte entre le 6e et le 9e siècle de notre ère. Deux phrases en particulier ont été déchiffres :

Jésus leur a dit : "ma femme"

Elle pourra être ma disciple

En 2012, ce texte apocryphe [1] doit sa découverte à Karen King, professeur d’histoire à la Harvard Divinity School. Très vite, le Vatican mais aussi certains historiens mettent en cause son authenticité.

Une nouvelle analyse est effectuée en 2014 par une équipe de scientifiques des universités de Columbia, de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology [2]. L’analyse grammaticale vient compléter l’étude par spectroscopie permet de confirmer la datation pour l’encre et celle par radio-carbone pour le papyrus. Avril 2014, le verdict tombe : le texte est bien authentique.

Cela ne veut évidemment pas dire que Jésus avait une femme ou même que le Christ ait existé, mais cela montre que l’on parlait déjà de la femme de Jésus avec Dan Brown et le Da Vinci Code, avant même l’article de Projet 22 sur l’éventuel mariage de Jésus

Les deux phrases sont lourdes de sens. La première phrase remet en cause le célibat du Christ : Jésus était un homme qui était accompagné d’une femme, comme les rabbins de son époque et les "saints" des premiers siècles [3]. Dès lors, pourquoi les prêtres catholiques ne pourraient-ils pas se marier, comme chez les Protestants ?

La deuxième phrase, sans doute la plus intéressante, donne à la femme un statut égale à celui des hommes, puisqu’elle peut être disciple du Christ comme les autres Evangélistes [4] Cette tradition remonte aux Cathares et aux gnostiques. La femme était "Sophia", la sagesse incarnée qui seule avait le pouvoir de libérer l’homme des contraintes de ce monde et d’assurer son salut.

Le texte de Karen King est aujourd’hui surnommé : "L’Evangile de la femme de Jésus".


[1] Non reconnus par l’Eglise. Une centaine de papyrus circulaient dans les premiers siècles, des variantes, des textes incomplets mais aussi des textes qui apporteraient un regard très différent sur le Christ ou sa crucifixion, tel que l’Evangile de Judas. Le Concile de Carthage en 397 donne la liste définitive des textes du Nouveau testament, soit 27.

[2] [Publiée dans Harvard Theological Review

[3] Comme on peut le lire, par exemple, dans les homélies du Pseudo-Clément.

[4] On pourrait d’ailleurs rapprocher ce papyrus de l’Evangile de Marie, un autre texte apocryphe.




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