Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a annoncé hier une hausse de 7,2 milliards d’impôts pour 2012 et de 6,1 milliards d’impôts supplémentaires en 2013 [1], qui pèsera à 53% sur les ménages et à 47% sur les entreprises.
A noter pêle-mêle une annulation des effets du bouclier fiscal et de l’exonération des heures supplémentaires pour les entreprises de plus de 20 salariés, une augmentation des impôts sur les dividendes, sur les héritages d’une valeur supérieure à 100 000 euros, une hausse des impôts sur l’épargne salariale, une taxe sur les transactions financières des compagnies pétrolières (qui se répercutera sur le prix à la pompe), la disparition de la prise en charge des frais pédagogiques pour les écoles françaises à l’étranger, l’imposition des revenus fonciers des Français résidant à l’étranger...
Budget : 7,2 milliards d’hausse d’impôts par BFMTV
Cette hausse d’impôts correspond au programme de François Hollande [2]
Officiellement, il s’agit de donner les moyens à l’Etat de mener une politique de relance de l’économie et d’embaucher, notamment, 80 000 contrats aidés supplémentaires [3].
En réalité, ces impôts entrent dans une économie du budget de l’Etat : moins de dépenses, plus de recettes. Du côté des réductions des dépenses, l’Etat renchérit sur la diminution du nombre de fonctionnaires, puisque Sarkozy ne remplaçait pas 1 fonctionnaire sur 2 alors que Hollande ne remplacera pas 2 fonctionnaires sur 3, sauf sur les les secteurs prioritaires : l’éducation, la justice et l’intérieur (la police et la gendarmerie). Les économies réalisées sur certains ministères permettent donc de créer 65 000 postes sur cinq ans dans ces trois ministères [4], soit une baisse globale des effectifs publiques de 2,5% par an. Les ministères ont également pour consigne de diminution leurs dépenses : -7% en 2013, -4% en 2014 et en 2015 [5].
En augmentant les impôts, l’Etat ne cherche pas seulement à préserver le budget de l’Etat pour relancer l’économie (et l’industrie en particulier), mais aussi à rembourser ses créanciers : l’Etat rembourse en effet chaque années 43 milliards d’euros dans les seuls intérêts de la dette [6].
En 2011, le paiement des intérêts de la dette devient le 1er budget de l’Etat, avant l’Education nationale [7] :
Budget 2011 :
- Paiement des intérêts de la dette : 46,9 milliards
- Education nationale : 44,5 milliards
- Défense : 30,1 milliards
- ...
L’Etat est en effet endetté à près de 1800 milliards d’euros. Qui sont les créanciers ? Ils se divisent en deux catégories : les banques centrales des autres pays (les îles Caïmans, le Luxembourg, le Royaume Uni...) et les investisseurs privés (AXA Assurances, Allianz, MMA, CIC, BNP Paribas, CNP Assurances, Amundi, Covéa, Matmut...) [8].
A noter que les dépenses des différents ministères sont stables ou en baisse depuis plusieurs années : ce qui déséquilibre le budget de l’Etat français, ce sont les intérêts de la dette [9]. Le non-paiement des intérêts de la dette sur une année suffira à l’Etat française de passer sous la barre des 3% de déficit et même de commencer à rembourser la dette. En réalité, les recettes d’une année ne suffirait pas : il faudrait que l’Etat ne paie plus ses fonctionnaires (professeurs, policiers, infirmières...) et n’engage aucune autre dépense (sécurité sociale, retraite...) pendant 6 ans... [10]
En somme, une partie du travail productif des entreprises et des salariés permet de payer les intérêts de la dette (et seulement les intérêts). Une partie de la richesse nationale revient donc aux marchés financiers au sens large. Nos dirigeants ont sûrement fait une erreur en empruntant sur les marchés financiers [11], mais ils ont régulièrement comptés sur une croissance plus faible que prévue. A quand un budget qui s’établirait sur une croissance zéro ? Les promoteurs de la décroissance (verte) veulent croire qu’une autre forme d’économie est possible, qui ne s’appuierait pas sur l’idéologie du progrès et de la croissance...
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