Etre rebouteux, c’est être une sorte de guérisseur, qui ne soigne que les petits maux. Le rebouteux n’utilise ni plantes ni instruments. Il utilise ses mains, il fait ce qu’on appelle des « passes » au-dessus de la personne ou de l’endroit à soigner. Il peut toucher ou ne pas toucher la personne. Il ne dit aucune parole spécifique. Ce « pouvoir » qui ne sert qu’à guérir est considéré comme un « don » mais peut être développé, tout comme il peut être perdu – comme nous le verrons plus bas.
Le premier cas est celui d’un retraité, célèbre dans sa région. Il a découvert son don à la retraite. Il habite en Province et son carnet de visites est plein pour plusieurs mois. On n’entend parler de lui que par le bouche-à-oreille et on s’y rend confiant ou non. S’il n’avait pas une certaine efficacité, il n’aurait pas une telle popularité. Cette assertion est évidemment critiquable : ils peuvent tous se tromper, se faire duper ; il peut s’agir de l’effet placebo, d’hypnose ou d’hallucination collective. Mais quelque soit son moyen, il semble qu’il arrive à convaincre des sceptiques et à obtenir des résultats que les médecins, dans lesquels ces sceptiques ont pourtant confiance, n’arrivent pas à obtenir en allopathie. On pourrait dire la même chose de l’homéopathie. Mais, d’après d’autres témoignages, comment expliquer que cela marche aussi sur des nourrissons ou sur des animaux ?
Il s’agit d’un retraité d’une soixante d’années, ancien commercial. C’est un individu sans problèmes, de naissance modeste mais vivant à présent de façon aisée. Mais il a toujours eu le cœur sur la main : généreux, philanthrope, il se foula le poignet un soir qu’il voulut empêcher des voyous d’abîmer une voiture qui n’était pas la sienne. Il a fait la guerre et a été résistant. Il craint l’Allemagne et les Allemands, a peur que l’histoire se répète – et en même temps il trouve bien d’unifier l’Europe. Il vivait en ville, il s’est retiré dans une maison en campagne, où il s’occupe actuellement à la reconstruire la grange, à cultiver et faire de l’élevage. Il est marié et a eu plusieurs enfants et petits-enfants. Il est chrétien. J’ai donné un maximum d’informations parce qu’il n’y aucune raison que certaines d’entre elles soient plus pertinentes que d’autres. C’est un individu, pas un stéréotype.
Dans sa jeunesse, il vivait dans un village. Son grand-père était rebouteux et il hérita du don. Il était souvent appelé pour apposer sa main sur la patte foulée d’un animale, et le soigner ainsi. Plus tard, il partit en ville pour continuer ses études. Il ne cultiva pas son « don » et le perdit. Là encore, si les gens du village pouvaient se leurrer, cela pouvait-il aussi être le cas d’un animal ? Quand un animal boitait et ne boite plus, le phénomène est clair.
Au niveau culturel, ce cas serait pourtant explicable. Il hérite de son grand-père, il doit donc avoir le don. Tout le village y croit. Quand il quitte celui-ci pour la vie citadine, qui a mauvaise réputation chez eux, il perd naturellement ce qu’il avait acquis ici : le « don » que lui avait fait mère Nature. L’enfant, influençable, ne pouvait qu’y croire et donc le « perdre » en grandissant, afin qu’il n’ait assez d’esprit critique pour en juger par lui-même.
Oui, mais les bêtes ?