Il n’est pas nécessaire d’avoir un début et une fin, parce que le temps lui-même a dû être créé. Selon les partisans de la théorie KMS, dont fait partie l’astrophysicien, Stephen Hawking, le temps était auparavant à l’état quantique, c’est-à-dire qu’il était seulement possible ou virtuel. Il n’aurait donc jamais commencé à un moment précis. D’ailleurs, quand vous y pensez, vous n’avez conscience que du présent, le passé et le futur ne sont que des projections de votre esprit (cf. les philosophes Bergson et Husserl).

Il n’est pas non plus nécessaire d’avoir un espace, car l’espace-même a dû être créé lui aussi. D’après les calculs d’Einstein, qui ont été validées lors d’une éclipse de lune, la matière déforme l’espace-temps. Il est donc possible que la masse entière de l’univers recourbe l’univers sur lui-même, à la façon d’une sphère. Un vaisseau projeté tout droit reviendrait donc à son point de départ. En dehors de la sphère, il n’y aurait rien, puisque c’est l’espace lui-même qui serait courbe. Ce n’est certes pas intuitif mais tout à fait envisageable - et envisagé - par les astrophysiciens.

Il n’est pas toujours bon de se reposer sur notre façon de voir le monde pour raisonner. C’est ce qu’a montré le philosophe Kant avec ses paralogismes. Notre façon de voir le monde conditionne la manière dont nous le questionnons. Ainsi, je ne peux percevoir un phénomène que s’il est inscrit dans un lieu et dans un temps. Je ne peux pas imaginer un vol d’oiseau, par exemple, sans imaginer une distance et une durée. A quoi ressemblerait ce vol d’oiseau sans des yeux humains pour le voir ? A une équation mathématique ? A une Idée platonicienne ? A autre chose encore ?

La trame du monde est tout aussi énigmatique que son origine.