Un nuage radioactif en France mercredi ou jeudi

lundi 21 mars 2011

Selon l’IRSN [1] qui a procédé à une simulation, le nuage radioactif de Fukushima Daiichi devrait arriver en France d’ici jeudi 24 mars, après avoir traversé la Sibérie et les Etats-Unis [2].

Les concentrations attendues de Césium 137 sont de l’ordre de 0,001 Bq/m3 (Bécquerels par mètre cube), une dose beaucoup plus faible que celle détectée en France en 1986 après le passage du nuage de Tchernobyl (de 1 à 10 Bq/m3 selon les régions) [3].

Nous sommes donc bien loin d’un risque de cancer de la thyroïde ! Le risque est cependant plus élevé pour la contamination des végétaux et des animaux qui s’en nourrissent. La pluie joue ici un facteur aggravant [4].

S’il est difficile de prévoir les retombées en France, il est certain que le risque est plus faible qu’en 1986 et que Tokyo sera plus touchée que la France par la radioactivité.

Comment vont réagir les Tokyoites ? Il n’est pas imaginable de penser à l’évacuation d’une ville de 13 millions d’habitants.

Les conséquences de la catastrophe ne s’arrêtent pas à la santé de la population et à l’exportation de produits chinois, mais s’étendent à toute l’économie japonaise, et par incidence, à l’économie mondiale [5], même si pour l’instant, la diminution de la production nippone a permis de freiner la hausse du prix pétrole (due à l’instabilité du monde arabe).


[1] IRSN : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français. Placé sous l’égide de plusieurs ministères, l’IRSN est expert public en matière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques.

[2] Lire l’article sur le site de l’IRSN.

[3] Convertis en mètres carrés, les chiffres sont plus importants. Quand on interroge sur le site d’IRSN sur les retombées de Tchernobyl en France, on lit : "Alors que les dépôts secs ont été très faibles sur l’ensemble du territoire (pour le césium 137, environ 1000 Bq/m² à l’Est de la France et 100 Bq/m² à l’Ouest), les dépôts humides provoquées par les pluies, particulièrement dans l’Est du pays, ont pu être plus importants, pouvant dépasser 20 000 Bq/m², voire davantage localement.". Lire l’article sur le site de l’IRSN.

[4] Pour comparaison, je cite les propos de l’IRSN sur la contamination des denrées alimentaires en France après la dispersion du panache radioactif de Tchernobyl dans la troposphère : " Les caractéristiques initiales de formation du dépôt (proportion sous forme sèche et humide) ont eu une forte influence sur la contamination des végétaux en 1986 et des animaux qui s’en nourrissaient. En particulier, lorsque le dépôt humide était très important en raison de fortes pluies, comme cela a été observé dans plusieurs départements de l’Est de la France, le ruissellement de la pluie sur les feuilles a empêché la contamination végétale de s’accroître en proportion du dépôt (phénomène de saturation). Après le dépôt initial formé début mai 1986, la contamination des produits agricoles a diminué avec une vitesse variable, à cause de la décroissance de certains radionucléides à vie courte (iode 131 notamment) et surtout à cause de la croissance continue de l’herbe et des plantes cultivées après le dépôt, conduisant à diluer l’activité des radionucléides dans la masse végétale nouvellement formée. A partir de 1987, la contamination des productions agricoles a fortement diminué au point de ne plus être décelée dans une majorité de produits. (…) En 1986, certains produits de consommation d’origine agricole ou naturelle étaient plus sensible à la contamination radioactive que d’autres issus des mêmes territoires. En 1986, c’était le cas du lait de chèvre et de brebis, de certaines plantes aromatiques méditerranéennes et des fruits secs. Les années suivantes et jusqu’à aujourd’hui, une contamination significative en césium 137 a pu occasionnellement être décelée dans certains champignons et dans de la viande de sanglier dans l’Est de la France. Cette sensibilité particulière s’explique principalement par des caractéristiques biologiques propres à ces organismes ou liées au mode de vie des animaux. ". Lire l’article sur le site de l’IRSN.

[5] Lire l’article de Thibault Schepman : Après la castastrophe nucléaire, la catastrophe économique pour l’économie mondiale (20 mn, 18.03.11)




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