La Grèce et l’Italie mises sous tutelle

samedi 5 novembre 2011

M. Papandréou obtient le vote de confiance du Parlement… pour démissionner, recomposer le gouvernement et abandonner le projet de référendum

Mardi 1er novembre 2011 : le Premier ministre Gorges Papandréou décide de demander l’accord du peuple grec sur le plan d’aide européen [1]. Des réactions de surprises et de contrariété sont émises par les dirigeants européens et relayés dans les médias.

Ce référendum, selon certains, serait l’équivalent d’un vote sur le maintien de la Grèce dans l’UE. Le gouvernement de coalition se divise. On parle de "démission" et d’ "élections anticipées" dans les médias.

Vendredi 4 novembre 2011 : la réunion du G20 se termine, M. Papandréou reçoit le vote de confiance de son Parlement [2] pour recomposer un nouveau gouvernement, dirigé par l’actuel ministre des Finances, Evangelos Venizelos. Ce gouvernement de coalition se baserait sur une base plus large qui inclurait Nouvelle Démocratie, le parti conservateur d’opposition.

"C’était ça, l’accord", a dit ce ministre ayant requis l’anonymat. "Les choses s’avèrent difficiles maintenant, parce que Samaras fixe toutes les conditions." Selon des sources internes à Nouvelle Démocratie, le parti conservateur envisage la formation d’un gouvernement de techniciens chargé de diriger le pays pendant un mois à six semaines et il pose comme condition essentielle la démission de Georges Papandréou. "Nous ne demandons même pas d’avoir nos représentants au sein de ce gouvernement. En fait, la meilleure solution serait qu’il soit totalement apolitique", a dit un responsable de Nouvelle Démocratie. [3]

Le nouveau gouvernement grec de coalition devra approuver le plan de sauvetage de la Grèce et devrait rester au pouvoir jusqu’à la fin du mois de février. [4]

Un gouvernement de transition est en train de se mettre en place en Grèce. Il est apolitique en ce sens que le parti socialiste au pouvoir et le parti conservateur d’opposition sous tous les deux d’accord pour garder la Grèce dan l’UE et appliquer le plan d’aide européen, en échange de la poursuite des mesures d’austérité. La nomination très probable du ministre des Finances à la tête du futur gouvernement montre où est le véritable pouvoir aujourd’hui…

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"Le gouvernement de coalition élargi qui doit être formé devra préserver la crédibilité internationale et assurer le versement rapide de 30 milliards d’euros pour recapitaliser les banques grecques", a déclaré Evangelos Venizelos. [5]

Le référendum "n’a jamais été un objectif en soi", explique aujourd’hui M. Papandréou. [6] On ne peut que s’étonner du revirement du Premier ministre grec qui déclarait hier : “C’est l’expression la plus forte de la démocratie, un grand moment de patriotisme pour les citoyens, alors donnons le dernier mot au peuple et laissons les citoyens décider.” [7]

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Même remarque concernant l’ancien ministre du travail, le député Louda Katseli, qui avait été exclue du groupe parlementaire socialiste le mois dernier après son vote contre une partie d’un plan d’austérité : elle a réintégré son groupe vendredi, indiquant par là qu’elle soutenait maintenant le plan dans son ensemble.


L’Italie sous monitoring

En réponse à un journaliste anglais qui accusait le G20 de placer la Grèce et l’Italie sous tutelle, Nicolas Sarkozy a répondu que M. Berlusconi avait demandé un "monitoring" du FMI après l’attaque des marchés financiers contre la dette italienne (120% du PIB), suite à l’annonce du référendum en Grèce [8]. Les créanciers de la dette italienne craignaient en effet que l’Italie, comme la Grèce, ne puisse pas rembourser.

En spéculant sur les taux des titres d’Etat, les acteurs financiers poussaient l’Italie a accélérer ses réformes et l’UE à lui venir en aide. La conjugaison de ces deux mouvements donne le "monitoring", terme aussi nouveau et vague que "gouvernance" et qui signifie en bon français "mise sous tutelle de l’Italie par des techniciens de la finance". Ceux qui décident de l’avenir économique de la zone euro ne sont donc pas des élus, mais des experts nommés par l’UE [9].


Conclusion

La mise sous tutelle économique de la Grèce et de l’Italie, associée à la disparition de tout débat démocratique sur la mise en place de cette tutelle, est-il le signe précurseur d’un nouvel ordre mondial ? Le cas de la Grèce, patrie de la démocratie, est inquiétant : nombreuses manifestations populaires dans le pays depuis plus d’un an contre les mesures d’austérité décidées par Bruxelles, annulation d’un référendum annoncé sous la pression internationale, fusion de la gauche et de la droite en un parti unique, utilisation des fonds européens pour recapitaliser (comprenez "renflouer") les banques grecques, et non pas seulement pour payer les fonctionnaires comme le relaient certains médias à la télévision…

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Ce monde est à nous, changeons-le !


[1] Voir notre brève précédente : http://www.projet22.com/questions-d…

[2] 153 voix pour, 145 contre

[3] Voir Le Point/Reuters du 04.11.11 http://www.lepoint.fr/monde/grece-p…

[4] Voir l’Express du 04.11.11 : http://www.lexpress.fr/actualites/2…

[5] Voir L’Express du 04.11.11 : http://www.lexpress.fr/actualites/2…

[6] Voir Le Point/Reuters du 04.11.11 : http://www.lepoint.fr/monde/grece-p…

[7] Voir Euronews le 01.11.11 : http://www.20minutes.fr/economie/81…

[8] "Résultat, les taux italiens à dix ans ont été propulsés à 6,33%, proches de leur record historique de 6,397%." explique l’Express du 02.11.11 : http://www.lexpress.fr/actualites/1…

[9] Pour comparaison, le Conseil économique et social européen, qui intervient sur toutes les lois un peu "techniques", dans le domaine des normes industrielles par exemple, est composé de représentants des syndicats, des associations, des ONG et des industriels… de manière égale, c’est-à-dire que le représentant du syndicat unique européen et le plus petit lobby possède chacun une voix, sans différence de taille ou de représentativité.




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