La mortalité infantile en hausse en France : vraie alerte ou illusion statistique ?

7 octobre 2025 — syagrius

Depuis quelques années, la France enregistre une légère hausse de la mortalité infantile, après plusieurs décennies de baisse continue. Selon l’Insee, le taux est passé de 3,6 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2020 à 4,1 pour 1 000 en 2024.
Un signal préoccupant ? Oui, mais la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît.

Une hausse réelle mais largement liée à l’évolution des pratiques médicales et déclaratives.

Depuis 2020, la mortalité infantile en France est passée de 3,6 à 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes. Cette hausse interroge, mais s’explique en grande partie par les progrès médicaux et les nouvelles règles de déclaration des naissances très prématurées.

Une hausse visible depuis 2020

Selon l’Insee, le taux de mortalité infantile — c’est-à-dire le nombre d’enfants décédés avant un an pour 1 000 naissances vivantes — est passé de 3,6 ‰ en 2020 à 4,1 ‰ en 2024.
Environ 2 700 nourrissons sont décédés en 2024, soit une légère augmentation après des décennies de baisse continue.

Pourquoi cette hausse n’est pas forcément inquiétante

La définition du “né vivant” n’a pas changé, mais la manière de la déclarer, si.
Les bébés extrêmement prématurés (22 à 25 semaines de grossesse) sont aujourd’hui souvent réanimés, puis inscrits comme nés vivants.
S’ils décèdent dans les heures ou jours suivants, ils entrent dans les statistiques de mortalité infantile — alors qu’ils auraient été classés mort-nés auparavant.

Mort-né ou né vivant : une différence cruciale

SituationAvantAujourd’hui
Bébé né à 23 semaines, décédé après 30 minutes Déclaré « mort-né » → hors statistique Déclaré « né vivant » → inclus dans la mortalité infantile
Bébé né à 39 semaines, décédé d’une infection Compté pareil Compté pareil

Cette évolution crée un effet de “hausse” mécanique, sans refléter une réelle dégradation des soins.
En d’autres termes, nous sauvons plus d’enfants fragiles, donc nous en comptons davantage parmi les décès précoces.

Autres facteurs à prendre en compte

  • Meilleure traçabilité administrative des naissances très précoces.
  • Inégalités territoriales (DOM, zones rurales, précarité sociale).
  • Âge maternel moyen plus élevé et pathologies de grossesse plus fréquentes.

Comparaison européenne

La France reste un pays où la mortalité infantile est faible, mais son taux est désormais supérieur à la moyenne européenne.
Des pays comme la Suède, l’Espagne ou l’Allemagne affichent des taux entre 2,4 et 3,0 pour 1 000.
Cette position relance le débat sur le suivi périnatal et la coordination des soins pour les grossesses à risque.

Tableau récapitulatif

AnnéeTaux (‰)Commentaire
20203,6Niveau historiquement bas
20213,7Léger rebond
20224,0Stabilisation haute
20234,0Hausse confirmée
20244,1Niveau le plus haut depuis 15 ans

À retenir

« Nous sauvons mieux, donc nous comptons plus. »
La hausse de la mortalité infantile en France reflète avant tout les progrès médicaux et une meilleure déclaration des naissances prématurées, non une détérioration du système de santé.

Sources principales