La Slovaquie ratifie le plan de soutien à la Grèce

vendredi 14 octobre 2011

Mardi 11 octobre 2011  : le Parlement slovaque doit valider le Fonds européen de stabilité financière (FESF) décidé par les chefs d’Etat européens (comprenez la France et l’Allemagne) le 21 juillet. Le FESF doit permettre d’emprunter 440 milliards à la Banque Centrale Européenne (BCE) pour acheter les obligations (autrement dit les dettes) des Etats européens fragilisés par la crise financière (la Grèce, l’Italie et l’Espagne pour l’instant) [1]. Le FESF est garanti par le bilan global de la zone euro.

Seize pays ont déjà voté "oui". La Slovaquie est le dernier. Pour la Slovaquie, voter "oui" à ce plan signifie s’engager pour 7,7 milliards. Ce vote étant particulièrement délicat (l’opinion n’est pas favorable et une partie du gouvernement de coalition refuse de participer au vote) [2], Iveta Radicova, le premier ministre slovaque, a transformé ce vote en question de confiance pour son gouvernement. Résultat :

  • 124 députés présents
  • 55 pour
  • 9 contre
  • 60 abstentions

Les voix ne sont pas suffisantes pour valider le FESF. Ce refus crée un début de panique en Europe, malgré l’affirmation d’Angela Merkel, le premier ministre allemand, de maintenir le FESF avec ou sans la Slovaquie (alors que le fonds demandait normalement l’unanimité des pays de la zone euro). Toutefois, la Constitution slovaque permet la tenue d’un second vote.

Jeudi 13 octobre 2011  : le second vote ratifie le FESF. Pour obtenir ce résultat, Iveta Radicova a tourné le dos à son propre gouvernement (son gouvernement de coalition comprend plusieurs partis opposés à ce vote) et accepté les voix de l’opposition social-démocrate. Celle-ci a accepté d’accorder ses voix en échange d’élections anticipés au sortir de ce vote. Résultat :

  • 147 députés présents
  • 114 pour
  • 30 contre
  • 3 abstentions

En dehors des voix de l’opposition, on remarquera que de nombreux députés ont donc changé le résultat de leur vote… en seulement deux jours. Le premier ministre a démissionné et des élections anticipés sont organisées.

Cette péripétie a amené le président de la Commission européen, José Manuel Durao Barroso, a demandé tout à l’heure l’abandon de la règle de l’unanimité au sein de la zone euro : "n’est-il pas étrange que lorsque le FMI prend des décisions, il le fasse à la majorité qualifiée, alors que dans la zone euro les Etats membres qui partagent une monnaie commune sont liés par la règle de l’unanimité ?" [3]

En l’espace de quelques mois, nous venons d’assister quatre fois à un déni de démocratie en Europe :

  • mise en place du FESF par la France, avant d’être adopté, avec difficulté, par l’Allemagne, sans passer par les organes européens
  • volonté de l’Allemagne de faire fi du vote à l’unanimité pour maintenir le FESF
  • le premier ministre slovaque ne tient pas compte du résultat des urnes, vote contre son propre gouvernement et préfère donner le pouvoir à l’opposition que de remettre en cause la participation de la Slovaquie au FESF
  • le président de la Commission européenne veut changer le mode de scrutin pour mettre en place une Europe politique qui ne tiendra pas compte de l’opinion de certains pays [4]

Le deuxième vote slovaque n’est pas sans rappeler, pour les électeurs français, la ratification du Traité européen par le Parlement en 2008 après la réponse négative donnée par le peuple français trois ans auparavant, lors du référundum sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe du 29 mai 2005.


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Ce monde est à nous, changeons-le !


[1] 82,5 milliards d’obligations ont déjà été rachetés par la BCE en sept semaines.

[2] En particulier le mouvement Liberté et Solidarité (12,1 % des voix) qui refuse l’aide de 7,7 milliards d’euros, estimant que la Slovaquie n’en a pas les moyens.

[3] Source : http://bruxelles.blogs.liberation.f…

[4] Dans le système actuel, chaque Etat européen possède l’équivalent d’un droit de veto. Dans l’ONU, qui se veut également le plus démocratique possible, seuls cinq pays ont droit de veto : les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine.




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