Deuxième révolution en Egypte

dimanche 7 juillet 2013

Depuis l’élection du parti des Frères Musulmans au pouvoir, le Président Morsi n’a pas fait mieux que son prédécesseur : restriction des libertés individuelles par l’instauration de la charia, pas de reprise économique… Le Président Morsi a refusé de répondre aux revendications de la rue, alors que cette agitation nuit au tourisme et donc à l’économie.

Un rappel de la chronologie :

1er juillet : suite aux manifestations anti-Morsi, l’armée a déposé un ultimatium pour destituer le Président égyptien qui avait institué la charia [1]

3 juillet : le Président égyptien refuse de démissionner, arguant du fait qu’il a été démocratiquement élu. L’armée l’arrête et emprisonne plusieurs hauts dignitaires. Les Frères Musulmans parlent de coup d’Etat.

4 juillet : les manifestants appellent au pouvoir Mohamed El-Baradei, prix Nobel de la Paix, qui avait déclaré le 25 juin 2013 :

Nous assistons aujourd’hui à une érosion de l’autorité de l’Etat égyptien. Il est censé assurer la sécurité et la justice. Mais l’Etat de droit est en voie de désintégration. En 2012, les meurtres ont augmenté de 130 %, les vols de 350 % et les enlèvements de 145 %, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Des gens se font ­lyncher en public sous les yeux de passants qui s’arrêtent pour prendre des photos. Nous sommes au XXIe siècle, pas pendant la Révolution française !

(…)

On ne peut pas demander à l’économie égyptienne de fonctionner normalement dans ces conditions. Egyptiens ou étrangers, ceux qui ont de l’argent n’investissent pas. Lorsque l’Etat de droit n’est plus respecté, lorsque les institutions ne fonctionnent plus et que vous ne savez pas ce qui peut se passer le lendemain, il est normal de rester prudent. Résultat : les réserves de devises étrangères sont épuisées, le déficit budgétaire s’élèvera à 12 % [du PIB] cette année et la monnaie perd de sa valeur. Près d’un quart des jeunes Egyptiens se lèvent le matin et restent désœuvrés toute la journée. Dans tous les domaines, les facteurs économiques fondamentaux sont dans le rouge.

(…)

Nous avons besoin d’une coopération politique entre les partis établis – y compris ceux de sensibilité islamique – et les Frères musulmans, qui représentent probablement moins de 20 % de la population. Ces recommandations n’ont pas été entendues. Le gouvernement perd également du ­terrain, car, en dépit de ses beaux discours, il s’est révélé incapable de tenir ses promesses. Les gens veulent de la nourriture, des soins, de l’éducation, autant de choses que les Frères musulmans ne leur ont pas apportées. On ne peut pas se nourrir de la charia.

La deuxième révolution égyptienne contre la récupération du pouvoir par les tendances radicales de l’Islam gagnera-t-elle de nouveau le reste du monde arabe ? De nombreuses forces politiques en Tunisie proclament dans les médias que la révolution égyptienne n’est pas celle de la Tunisie et que le contexte est différent (Rached Ghannadi, le président Tunisien et leader du parti Ennahda, aurait fait plus de concessions que son homologue égyptien). En réalité, les Frères Musulmans craignent un renversement de leur influence dans le Moyen-Orient, comme l’explique un article du Monde diplomatique :

Ailleurs, dans les pays du Golfe, aux Emirats arabes unis, "les adeptes des Frères musulmans locaux sont sous le choc", rapporte le site saoudien Elaph. "La chute de l’organisation en Egypte anéantit définitivement le rêve des Frères d’arriver au pouvoir dans quelque pays du Golfe que ce soit", ajoutant qu’il s’agit du "deuxième coup en moins de quarante heures". En effet, au même moment, 64 membres d’une "cellule secrète des Frères musulmans aux Emirats" avaient été condamnés à des peines de prison allant de sept à quinze ans.

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Ce monde est à nous, changeons-le !


[1] En Egypte comme en Tunisie, l’armée joue traditionnellement le rôle de contre-pouvoir - comme c’était déjà le cas dans l’empire Ottoman - , de gardien de la constitution et de la laïcité.




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