1000 milliards d’euros au secours de l’Europe

samedi 29 octobre 2011

Mercredi 26 octobre 2011 : les 17 pays de la zone euro, portés par Angela Merkel, le premier chancelier allemand et Nicolas Sakozy, le président français, conviennent d’un accord pour augmenter le Fonds européen de stabilité financière (FESF) de 560 milliards d’euro, en passant de 440 à un total de 1000 milliards d’euro. Le FEFSF est la garantie européenne que les dettes souveraines (Grèce, Espagne, Italie, Portugal, Irlande…) seront remboursées, afin de stopper la spéculation sur les dettes. [1]

Jeudi 27 octobre 2011 : le G20 a ratifié ce nouveau montant pour "la relance de l’économie mondiale, du crédit et de la croissance". Le FESF est abondé par le Fonds monétaire international (FMI). Cette garantie dépasse donc le strict cadre de la zone euro , même si les pays européens en sont les principaux contributeurs (27% pour l’Allemagne et 21,9% pour la France).

  • 750 milliards seront consacrés à rembourser les créanciers des pays européens les plus endettés, ces créanciers étant des banques, fonds d’investissement mais aussi d’autres pays, comme l’Allemagne.
  • 250 autres milliards seront investis dans le système financier pour racheter les actifs toxiques [2]), ce qui revient à nationaliser les dettes de banques privées menacées de banqueroute. [3]

Ces sommes ont été formulées en dollar lors de l’élocution du président français au sortir de la réunion du G20, car la majeure partie de la somme sera alimentée par les fonds privés et les autres Etats. L’UE lance d’ailleurs un appel à la Chine, qui pourrait participer pour une somme comprise entre 50 et 100 milliards. La Chine possède en effet 500 milliards des dettes souveraines en Europe et 3200 milliards de réserves de change dans le monde [4], du fait que les échanges commerciaux avec la Chine s’effectuent dans la monnaie chinoise et que cette monnaie est sous-évaluée (cette sous-évaluation du yuan permet à la Chine d’exporter plus plus facilement et aux pays importateurs d’accroître leur marge et donc leur croissance) [5].

En investissant dans cette assurance, la Chine défendrait ainsi ses propres intérêts, puisque l’UE est son principal client, devant les Etats-Unis. Certains politiques dénoncent cet appel à un pays non-européen comme une perte de souveraineté.

Le G20 a également décidé de réglementer la finance internationale : les fonds spéculatifs et les agences de notation seront contraintes à la transparence, les rémunérations des traders seront plafonnés ou fortement taxés [6], etc. [7]. Nos dirigeants avaient tenu les mêmes paroles après la crise de subprimes (dont la crise de la dette est une conséquence).

A l’issu de la négociation, les banques ont accepté d’effacer 50% de leurs créances grecques, soit 100 milliards de dettes sur un total de 350 milliards d’euros [8]. Elles ont préféré pouvoir récupérer 50% de leur créance, sous garantie du FESF, plutôt que rien. Reste donc 250 milliards, soit 120% du PIB de la Grèce. Le pays se trouve donc dans la même situation que l’Italie, dont la dette atteint également 120% du PIB.

On peut comparer le FESF au fonds d’aide du FMI pour les 40 Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), à ceci près que le montant est sans commune mesure (1000 milliards contre 75 milliards en 2009) [9]. 36 pays bénéficient d’un allègement de leur dette, à condition de réformer leur économie (libre concurrence, levée des barrières douanières…). Elle sera annulée au terme de ces réformes [10]. On peut supposer un fonctionnement analogue pour la dette grecque. La Grèce a déjà commencé ses réformes : diminution des dépenses de l’Etat, privatisations du secteur publique, diminution du nombre de fonctionnaires, diminution des retraites et des minima sociaux, augmentation des impôts…

A noter cependant que les dettes européennes dans leur ensemble sont dix fois moins importantes que la dette des Etats-Unis (14 500 milliards, plus de 100% du PIB) ou celle du Japon (10 000 milliards de dollars, 229% du PIB) [11]. Quand à la Chine, elle a déclaré en juin 2011 que les dettes des gouvernements locaux s’élevaient à - seulement - 1 660 milliards de dollars [12].

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Ce monde est à nous, changeons-le !


[1] Voir http://www.u-m-p.org/actualites/a-l…

[2] 74 milliards pour Dexia, un banque franco-belge spécialisée dans le prêt aux collectivités. Selon le Financial Times du 21 octobre 2011, Dexia aurait prêté 1,5 milliards à ses deux principaux actionnaies, Dexia Banque Belgique et Arco Dexia pour augmenter artificiellement son capital entre 2006 et 2008. Ce type de manoeuvre est aujourd’hui interdite dans l’UE. Le démantèlement de Dexia a entraîné la mise en vente de sa branche espagnole, Sabadell, et de sa branche italienne, Crediop, jugées actuellement invendables par les agences de notation. Voir http://www.lefigaro.fr/societes/201…

[3] Voir http://www.ladepeche.fr/article/200… pour l’entité franco-belge et http://www.agefi.fr/articles/La-ces… pour ses filiales en Espagne et en Italie.

[4] Voirhttp://www.piccmi.com/La-Chine-pour…

[5] Voir http://lecercle.lesechos.fr/economi…

[6] Certains sont payés 400 SMIC…

[7] Voir http://www.ladepeche.fr/article/200…

[8] Voir http://lapresseaffaires.cyberpresse…

[9] Voir http://www.imf.org/external/np/exr/…

[10] Voir http://www.imf.org/external/np/exr/…

[11] Voir http://www.lefigaro.fr/flash-eco/20…

[12] Voir http://www.chine-informations.com/a…




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